Elle venait de piocher une carte : « Raconte une fois dans ta vie où tu as eu honte. » Nous jouions entre amis à un jeu conversationnel (Jeu « Le grand bain » - Majestart), conçu pour que chacun(e) puisse ouvrir aux autres un peu de son jardin intérieur. Ce jour-là, nous avons grandi dans la connaissance les uns des autres.
Les émotions font partie intégrante de nous-mêmes. Pourtant, nous n’osons pas toujours les exprimer, souvent par peur du jugement. On nous a parfois appris que les montrer, c’était se rendre vulnérable, donc faible. Alors, on se cache derrière un masque et on répond machinalement : « Ça va ! » Pourtant, il y a une véritable richesse dans ce que nous ressentons. Nous disposons d’une palette de couleurs infiniment variées pour exprimer chaque mouvement de notre être.
Nos émotions nous relient également au monde et aux autres. Les événements les plus marquants de notre vie ne sont-ils pas ceux où nous avons ressenti quelque chose de fort ? Ils restent gravés dans notre mémoire, là où d’autres souvenirs s’effacent... Les spécialistes nous disent qu’aucune émotion n’est intrinsèquement bonne ou mauvaise. Chacune a sa place et sa raison d’être. Il est donc essentiel de prendre le temps de les comprendre pour mieux se connaître.
Regardons le roi David. Dans les psaumes, il ose tout exprimer : la peur, la colère, la joie, le doute, la reconnaissance… Ses prières sont vivantes parce qu’elles sont vraies.
Et le Dieu de la Bible ? Il ne nous demande pas d’être toujours joyeux ou forts. Il nous invite simplement à venir à lui, même (et surtout) quand nos émotions débordent. Car c’est là, dans notre fragilité, que peut naître la rencontre.
Anne-Marie Delaugère