Changer est possible à condition de…

Complet Réflexion
Sylvain Lombet* est psychologue clinicien et pasteur/théologien.

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Nous vivons dans un monde qui change en permanence. Les progrès scientifiques et technologiques de ces dernières décennies nous poussent en avant, dans une course effrénée vers la nouveauté.

Discours et réalités

Dans cette course, notre société rejette de plus en plus les traditions et les institutions qui garantissaient auparavant, en partie, sa stabilité. On exige de nous l'adaptation au changement permanent. Le discours politique en est lui-même marqué : les formules « Changer la vie », de François Mitterrand en 1981, et « Le changement, c'est maintenant ! », prononcée par François Hollande en 2012, ont fait date.
Pourtant, il suffit d'allumer n'importe lequel de nos appareils connectés pour constater que, dans le fond, l'être humain, lui, n'a pas changé. Notre monde change, mais notre humanité ne change pas. Les inégalités sociales s'accroissent, la pollution de notre planète est immense, nos pays ont tendance à se replier de plus en plus sur eux-mêmes, la méfiance, la haine ou la violence s'expriment tous les jours... Nos « progrès » n'ont pas transformé radicalement l'état de notre âme. Notre humanité est capable d'effectuer certains changements, mais elle est aussi capable de résister au changement.

Résistance au changement en psychologie

Physiciens et psychologues parlent de résistance, chacun dans son domaine. Quand un psychologue utilise ce mot aujourd’hui, c’est pour tenter de décrire un phénomène qui concerne notre être intérieur.
Un exemple : quelqu'un entreprend une psychothérapie et va mieux au bout de quelques mois. Le problème pour lequel il était venu consulter semble disparaître, mais voilà qu’un autre « symptôme » apparaît ! Celui-ci laisse ainsi entrevoir que le problème n’a pas été réglé mais qu’il s'est en fait « déplacé ».
Freud a identifié très tôt ce phénomène de résistance qui entrave le travail thérapeutique. Il a constaté que notre moi se défend contre le changement ; c’est ainsi que l’on parle de « mécanismes de défense » dans le langage courant.

La Bible et le changement

SagesseÀ leur manière, la psychologie et la psychanalyse ont redécouvert une vérité fondamentale qui se trouvait déjà dans la Bible. Pour parler de la résistance du cœur de ceux qui l'écoutaient, Jésus citait les paroles du prophète Ésaïe : « Vous entendrez bien, mais vous ne comprendrez pas ; vous regarderez bien, mais vous ne verrez pas. Car ce peuple est devenu insensible ; ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, afin d'empêcher leurs yeux de voir, leurs oreilles d'entendre, leur intelligence de comprendre, et ainsi, ils ne reviendront pas à moi pour que je les guérisse. » Nous avons là une quasi définition de la résistance au changement dans le cœur humain : cette volonté profonde de... ne pas être guéri par Dieu !

Le Christ et notre coffre-fort secret

Jésus a déclaré par ailleurs : « Là où se trouve ton trésor, là aussi se trouve ton cœur.** » Selon lui, notre psychologie fonctionne donc comme un coffre-fort dans lequel nous conservons nos trésors. Il déclare à ceux qui ont choisi d’avoir Dieu pour trésor : « Vous êtes heureux, vos yeux voient et vos oreilles entendent ! »
La question se pose alors : si Dieu n'est pas notre trésor, qu'y a-t-il dans ce fameux coffre-fort ? La Bible appelle idoles tout ce qui prend la place de Dieu dans nos priorités : nos relations, nos biens matériels, notre confort, notre santé, notre plaisir, notre souffrance, nos souvenirs, nos regrets, nos désirs, nos petits ou grands esclavages…
Bien que nous sachions au fond de nous-mêmes que rien de tout cela ne peut nous procurer le bonheur auquel nous aspirons, nous les protégeons quand même... Nous empêchons ainsi Dieu de manifester son amour, son autorité et sa guérison dans nos vies. En réalité, nos discours ou convictions de surface cachent souvent nos motivations profondes. S’il nous arrive de les toucher du doigt, nous avons alors tendance à nous protéger. Toujours cette même résistance au changement.

Changez donc de banquier

Serions-nous donc condamnés à ne pas changer, quand bien même nous le voudrions ? Oui, si nous persistons dans notre rôle de gardien du trésor !
Pour changer, pour changer en profondeur, il nous faut changer de banquier : reconnaître notre faillite, et laisser Dieu devenir le directeur de la banque de notre vie. Il faut que son Esprit nous donne une nouvelle mentalité, moins basée sur notre pouvoir d'achat que sur notre besoin de Dieu. Le changement est donc encore possible maintenant. Entendons Dieu nous dire : « Aujourd'hui, si vous entendez ma voix, ne fermez pas votre cœur** ! »
Alors, prêts au changement ?

Résistance au changement

Il peut arriver qu’on tente de préserver inconsciemment certains « bénéfices secondaires » que tel symptôme ou telle maladie peut procurer.
Par exemple on dit :
« Je ne ferai jamais comme mon père ! » mais, sans même en être conscients, nous reproduisons son comportement.
« Demain j'arrête ! » ou « Promis, je ne recommencerai plus ! » mais cela ne nous empêche pas de retomber dans notre addiction.

Les bonnes résolutions

Chaque début d’année est l'occasion pour plusieurs de prendre de bonnes résolutions. Celles qui reviennent le plus fréquemment sont : arrêter de fumer et réduire sa consommation d'alcool. Faire de l'exercice et perdre du poids arrivent juste derrière.
Les statistiques démontrent que 20 % des gens abandonnent leurs résolutions au bout d'une semaine et 40 % au bout d'un mois. Des objectifs trop vagues ou démesurés, un manque de planification et de suivi des progrès semblent expliquer en partie ces chiffres. Mais c'est aussi la force de l'habitude qui crée une certaine résistance au changement. Or, changer ses habitudes, c'est renoncer à une part du plaisir ou de l'assurance que nous y trouvons. Il faut pouvoir accepter de perdre quelque chose auquel on tient pour gagner autre chose.
À ceux qui veulent le suivre, Jésus rappelle qu'ils doivent renoncer à eux-mêmes afin de gagner leur vie en lui.
Auteurs
Sylvain LOMBET

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Informations complémentaires

*(L'interprétation des rêves, 1900).
**Matthieu 13.14-16 ; 6.21 ; Hébreux 4.7

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