Les religions ressemblent-elles aux chemins divers qui gravissent une montagne pour finalement atteindre au sommet la réalité ultime unique ?
Les religions traditionnelles
Le plus souvent, les religions imaginent leur Dieu suprême comme un vieillard sage. Il sait tout et il peut tout ; il a créé l’univers mais ne le dirige pas ; il s'en est retiré à un moment de l’histoire à cause de la méchanceté de l’être humain. Ses attributs se ressemblent beaucoup dans les différentes cultures : l’Unique, le Miséricordieux, le Créateur, le Tout-Puissant, le Grand Esprit…
Le Dieu de l’islam, n’est pas loin de cette conception traditionnelle. Allah a déjà été le Dieu suprême dans l’Arabie préislamique avec son siège à la Ka‘ba. Mohamed veut mettre fin à la multitude de divinités de l’Arabie antique qu’il trouve idolâtre, et exhorte les Mecquois à adorer Allah seul. Mais, comme le Dieu suprême des religions traditionnelles, Allah est loin des humains. Personne ne lui est égal. Le Coran le décrit comme l’Unique, le Créateur, l’Omniscient, le Tout-Puissant, le Miséricordieux...
Dans l’hindouisme, on trouve un imaginaire très varié de divinités (devas). Chaque village, par exemple, a sa divinité protectrice. Certains en comptent trente-trois millions. Si un humain accumule suffisamment de mérites, il peut devenir un deva. Cependant, il peut aussiperdre ce statut, s’il se comporte mal.
Par ailleurs, l’hindouisme connaît une triade de divinités : Brahma, Shiva et Vishnu. Ces trois sont à la fois personnels et impersonnels, masculins et féminins, multiples et un, transitoires et immortels. À chacun d’eux est jointe une épouse. Eux aussi sont loin des humains. Mais des incarnations de Vishnu, les avatars Krishna et Rama, se sont approchés des humains. Ils ont combattu le mal pendant leur vie terrestre, mais n’en ont pas fini. C’est pourquoi les hindous attendent une autre incarnation de Vishnu. Ces divinités se diluent dans la philosophie hindoue vers une réalité suprême de l’univers, la source de l’être, l’absolu, ni personnel ni impersonnel, créateur et création à la fois, l’énergie cosmique (brahman).
Le but de la méditation et de la vie consiste en ce que l’âme individuelle (atman) s’éteigne dans le brahman, tout comme une rivière se dissout en plongeant dans l’océan.
Le Bouddha veut en finir avec ces spéculations métaphysiques et se préoccupe de la souffrance humaine. Pour lui, la cause de la souffrance est le désir et la convoitise. La conséquence est la formation du karma (« on récolte ce qu’on a semé »), et le cycle de réincarnations (samsara). Pour atteindre la délivrance finale (nirvana), il faut supprimer le désir par la méditation. Mais malheureusement, très peu de personnes peuvent se payer le luxe de mettre du temps à part pour méditer. Ainsi, la méthode du Bouddha est limitée à une petite élite. Pour les autres, c’est la course acharnée pour accumuler des mérites en quête de karma positif.
Dans le bouddhisme chinois, l’homme Bouddha devient une divinité (Adi-Bouddha), qui correspond à l’énergie cosmique, à la réalité ultime. Pour atteindre la délivrance, des personnes, qui ont renoncé au nirvana (les boddhisattvas), peuvent transférer leurs mérites (c’est-à-dire leur karma) à leurs fidèles. Ainsi, la course acharnée de mérites est soulagée par un « sauveur ».
Le Dieu de la Bible : la Bible affirme aussi qu’il est unique parce qu’il est le créateur de l’univers. Les autres divinités sont, selon la Bible, imaginées et fabriquées par les humains : « Leurs idoles sont de l’argent et de l’or, œuvre de mains humaines. Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas, elles ont des oreilles et n’entendent pas, elles ont un nez et ne sentent pas. Elles ont leurs mains et ne palpent pas, elles ont leurs pieds et ne marchent pas, aucun murmure ne sort de leur gosier. »
L’apôtre Paul prolonge cette pensée en précisant, qu’en apparence, il y aurait beaucoup de divinités, mais au fond il n’y en aurait qu’une : « Car s’il est vrai qu’il y a ce qu’on appelle des dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre, et de fait il y a beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs, néanmoins, pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes. » Selon la Bible, les autres divinités existent mais ne satisfont pas aux promesses qu’elles sont censées porter.
Jésus-Christ illumine cette réalité par la parabole du bon berger. Son constat est étonnant : « Vraiment, je vous le dis, celui qui n’entre pas dans l’enclos à moutons par la porte, mais qui l’escalade par un autre côté, celui-là est un voleur et un bandit. Mais celui qui entre par la porte est le berger des moutons… C’est moi qui suis la porte des moutons. Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits… Le voleur ne vient que pour voler, abattre et détruire ; moi, je suis venu pour qu’ils aient la vie et l’aient en abondance. » Jésus-Christ dit, ici, que lui seul est le bon berger qui donne la vie, que tous les autres sont des voleurs qui viennent pour détruire.
Le Dieu biblique et les autres
La Bible prend deux positions opposées à l’égard des religions et de leurs divinités.
D’une part, l’être humain est créé pour une relation avec un être surnaturel. Toutes les religions tendent à satisfaire ce penchant et en cela montrent bien que l’être humain ne peut pas se comprendre valablement sans tenir compte de sa dimension spirituelle.
D’autre part, il y a un écart entre l’offre de la Bible et celle des autres religions. Alors que le Dieu biblique est vraiment le créateur de l’univers et celui qui rachète l’humanité de ses fautes, les autres divinités font semblant d’être à niveau avec lui mais n’arrivent pas à tenir leurs promesses.