À Jérusalem, en 1968, on a découvert un ossuaire dans une tombe qui date de l’époque de Jésus. Selon l’inscription que porte l’ossuaire, le squelette qui s’y trouvait était celui d’un homme qui s’appelait Yehohanan (Jean). L’os de son talon était percé d’un clou en fer, les os des jambes avaient été brisés d’un coup violent. Yehohanan avait été crucifié. Les Romains avaient recours à ce supplice d’origine perse pour les séditieux, les criminels et les esclaves, et c’est certainement au titre de révolté contre César que Jésus a été officiellement condamné à être crucifié. Ne l’accusait-on pas, en effet, de s’être déclaré roi: «Il empêche de payer les impôts à César, et il prétend être le Messie, le roi»?
La révolte des humains
Cependant, cette condamnation de Jésus au supplice de la croix n’a pas été que politique; elle était aussi religieuse. C’est bien en tant que Messie que Jésus a été condamné par les autorités juives. En effet, lorsque le grand prêtre du Temple entend Jésus prétendre qu’il est «le Fils de l’homme» qui va «siéger à la droite du Tout-Puissant et venir en gloire sur les nuées du ciel», il déchire ses vêtements en signe de consternation et s’écrie: «Il vient de prononcer des paroles blasphématoires! Qu’avons-nous encore besoin de témoins?» Le verdict est alors tombé: «Il est passible de mort».
Ainsi, la mort de Jésus est en premier lieu la manifestation d’un terrible rejet, politique et religieux: celui du Messager envoyé par Dieu pour annoncer son Royaume de vie et de paix. À la croix se dévoile, dans toute sa force et sa laideur, la révolte des hommes contre Dieu à laquelle participent, à leur manière, tous ceux qui, comme les hommes du temps de Jésus, rejettent ce qu’il a prétendu être.
L’amour de Dieu
Cependant, la croix n’est pas synonyme de victoire des hommes. Certes, «injurié, Jésus n’a pas riposté par l’injure. Quand on le faisait souffrir, il n’a formulé aucune menace, mais a remis sa cause entre les mains du juste Juge». Mais une telle attitude n’était pas un aveu de faiblesse. Car Jésus s’est librement, volontairement, livré à la mort: «Personne ne peut m’ôter la vie, a-t-il déclaré. Je la donne de mon propre gré. J’ai le pouvoir de la donner et de la reprendre». Toute sa vie a comme été orientée vers cette heure de la croix: «Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes, enseignait-il à ses disciples. Ils le feront mourir, mais le troisième jour, il ressuscitera». Mais alors pourquoi Jésus a-t-il ainsi accepté de se livrer aux mains de ceux qui le rejetaient? Sa motivation était l’amour. En effet, disait-il, «il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis». Ou encore: «Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis».
Mais une question se pose: pourquoi, poussé par l’amour, Jésus a-t-il décidé de se livrer au pouvoir de ses bourreaux pour subir le supplice de la croix. Il pouvait, comme il l’a dit à Pierre qui cherchait à le protéger au moyen de l’épée, «faire appel à son Père» qui «à l’instant même» pouvait envoyer «des dizaines de milliers d’anges à son secours»?
La justice de Dieu
La réponse est surprenante: à la croix, que Jésus a acceptée par amour pour nous, la justice de Dieu a été manifestée. Quelques heures avant sa condamnation, dans le jardin de Gethsémané, Jésus «se laissa tomber, la face contre terre, et pria ainsi: “O Père, si tu le veux, écarte de moi cette coupe! Toutefois, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux.”». La «coupe» dont il parlait était celle de la colère divine. C’est cette coupe qu’il a dû boire car il était venu, non «pour se faire servir, mais pour servir lui-même et donner sa vie en rançon pour beaucoup». À la croix, manifestation de la révolte des hommes contre Dieu, ce n’est pas l’homme révolté que Dieu punit dans sa justice, mais l’Innocent qui prend sur lui le châtiment du coupable. Dans son amour pour nous, Jésus a pris notre place face au juste courroux du Père!
Mais Jésus lui-même ne s’est jamais rendu coupable d’aucune faute devant Dieu. C’est pourquoi la mort n’a pu le retenir: le Juste avait droit à la vie! Le troisième jour, il est ressuscité. La croix, révolte des hommes et manifestation absolue du mal, a été victoire de Dieu!
La création d’hommes nouveaux
Cette victoire libératrice de la mort et du mal n’a d’effet, bien sûr, que pour ceux qui quittent le camp de la révolte et se déclarent «pour le Christ», pour ceux qui s’engagent à sa suite et se lient à lui par la foi, en lui confiant leur vie. Libérés par lui du châtiment qu’ils méritaient, ils découvrent qu’ils appartiennent, à cause de l’œuvre de la croix, à un peuple de libérés dans lequel l’identité ne dépend plus du sexe, de l’origine ou de la classe sociale, mais de l’appartenance au Ressuscité. Et réconciliés avec le Père – leur Père! –, ils font l’expérience par l’Esprit d’une force nouvelle et sont animés de l’espérance du Royaume de la résurrection à venir.
Pour aller plus loin
Luc 23.2; Jean 19.19; Matthieu 26.64-65; 1Pierre 2.23; Jean 10.18; Matthieu 17.22-23; Jean 15.13; Jean 10.11; Matthieu 26.53; Matthieu 26.39; Matthieu 20.28.
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Les premiers symboles chrétiens
La croix n’était pas un symbole pour les premiers chrétiens qui craignaient que ce signe ne les livre plus rapidement encore aux terribles persécutions romaines.
Le premier symbole des chrétiens a été le poisson (IIesiècle). En grec, poisson se dit «ichtus» (IXTYΣ) qui est l’anagramme de Iesous Christos Theou Uios Soter, véritable profession de foi: «Jésus Christ, Fils de Dieu, Sauveur».
Les premiers chrétiens ont aussi utilisé pour se reconnaître les quatre lettres que Pilate a fait apposer sur la croix (INRI anagramme du latin Iesus Nazarenus Rex Iudeorum, c’est-à-dire: «Jésus de Nazareth, roi des Juifs»). Après la reconnaissance de la chrétienté par Constantin le Grand, la croix a commencé à être représentée sur des sarcophages, des lampes, des coffrets et d’autres objets. Ceci s’est développé encore plus à partir du Vesiècle.
José Loncke
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