En France

La laïcité est un principe fondamental en France. Elle organise les relations entre l’État et les religions. Elle repose principalement sur la Constitution et, surtout, sur la loi de 1905 qui marque la séparation entre l’Église et l’État.
Cette séparation implique la neutralité de l’État et vise à garantir l’égalité de tous face au service public, indépendamment de l’appartenance à une religion.
Si la liberté de croire ne peut être limitée, la liberté d’expression peut l’être au titre de la préservation de l’ordre public et de la cohésion sociale.
Ainsi, le port de signes religieux ou de tenues ostentatoires, ressenti comme du prosélytisme, a été interdit dans les écoles (loi 2004). Dans les services publics, les agents ne peuvent afficher un signe religieux visible qui remettrait en cause leur impartialité au service du public.
Thierry Lainel, aumônier et formateur « Laïcité », animateur de l’émission « Sacrée Laïcité »
En Belgique
En Belgique, la séparation entre l’État et les cultes assure la liberté religieuse. Bien que la laïcité ne soit pas inscrite dans la Constitution, plusieurs cultes (1) et la laïcité organisée (2) sont reconnus et partiellement financés par l’État. À l’école, les élèves choisissent entre un cours de la religion de leur choix ou un cours de laïcité. Ils peuvent aussi opter pour une heure supplémentaire de citoyenneté. Dans les administrations, le port de signes religieux ou politiques est interdit pour les agents en contact avec le public. Le débat sur la neutralité et le financement des cultes demeure ouvert.
Philippe Laurent
(1) Catholicisme, protestantisme (y compris évangélique), judaïsme, anglicanisme, orthodoxie, islam, bouddhisme.
(2) Libre pensée athée.
Mon expérience en milieu hospitalier
En tant que formateur à la laïcité en établissements publics hospitaliers, je suis régulièrement confronté à des demandes d’assouplissement.
Certains agents demandent à s’arrêter de travailler à certaines heures afin de pratiquer leur culte, d’autres veulent garder une « charlotte » ou un bandana pour se couvrir les cheveux, même lorsque la situation sanitaire ne l’exige pas. La longueur de la barbe des soignants fait également polémique. En effet, elle ne doit pas toucher le patient lors d’une consultation ou d’un soin.
Le personnel des entreprises extérieures, qui remplit lui aussi une mission de service public, est également confronté à ces questions, par exemple, le port du voile pour les femmes de ménage ou les serveuses des relais de restauration ouverts au public.
Y a-t-il vraiment trouble à l’ordre public, voire atteinte à la laïcité ou simplement perception subjective ? Telle est la question à se poser dans chaque cas.
Thierry Lainel