Vrai ou pas vrai ?

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Vrai ou pas vrai ?

Toute vérité n’est pas bonne à dire

En son temps, Guy Béart chantait : « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté ! » Son texte parlait alors d’affaires louches d’où disparaissaient les témoins gênants. Il évoquait même le Christ en croix. Dire la vérité comporte donc de grands risques. Cependant, la vérité est certainement préférable au mensonge et si elle n’est pas bonne à dire, c’est à entendre surtout qu’elle est redoutable. Notre conscience ne sera éveillée et en paix que par la vérité, et si la vérité nous fait parfois sursauter, son salut n’est pas loin. Taire la vérité, c’est donner libre accès au mensonge qui, comme le chiendent, ne fait que s’étendre jusqu’à étouffer tout ce qui n’est pas lui. En fait, dire la vérité est toujours bon puisque c’est ainsi que la conscience vit. Sans conscience, nous ne serions que des plantes, et des plantes nuisibles. « Ma chanson a dit la vérité ; vous allez m’exécuter ? »     ÉRIC DENIMAL

Dire ses quatre vérités

Les quatre points cardinaux, les quatre saisons, les quatre éléments... Le chiffre quatre renvoie souvent à quelque chose d’immuable et de complet. Dire ses quatre vérités à quelqu’un, c’est ne pas manquer de dire toute la vérité, rien que la vérité sans omettre les détails. C’est le cerner de toutes parts d’une parole vraie, mais parfois envahissante, voire écrasante. Une vérité sans hypocrisie, mais parfois sans les formes de l’amour et de la compassion ! C’est pourquoi il nous est plus agréable et plus facile de dire ses quatre vérités à autrui que de les entendre pour soi- même.

En lisant les évangiles, nous pouvons nous réjouir que Jésus a su dire ses quatre vérités en particulier aux religieux et aux suffisants, comme si ses paroles ne nous touchaient pas aussi en vérité. À dire vrai, Jésus savait dire la vérité dans l’amour et toujours pour libérer. Et nous ?

MARC DERŒUX

La vérité, toute la vérité, rien que la vérité

En France, lorsqu’ils vont déposer devant la Justice, les témoins font la déclaration suivante : « Je jure de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité ». Dans certains pays, on leur fait même poser la main sur une bible, pour attester du côté sacré de ce serment. Pourtant, ces pratiques trouvent leur origine dans le Livre qui demande justement de « ne pas jurer » mais de dire la vérité, simplement, sans rien y ajouter. Jésus apporte cette redoutable précision pour qui aime tergiverser : « Que ton oui soit oui et que ton non soit non, ce qu’on y ajoute vient du diable » (Matthieu 5.34-37). Comme l’affaire Cahuzac l’a bien montré, en France, la vérité n’est plus à la mode. Certains songent pourtant à criminaliser le mensonge. Quant à celui qui veut suivre le Christ, il devra toujours être « homme de parole et homme de la Parole ». Que ce soit en privé ou en public, son oui ou son non doivent suffire.

NICOLAS CIARAPICA

La vérité sort de la bouche des enfants

D’abord, cette maxime n’est évidemment pas vraie dans l’absolu ! Tout le monde a été enfant et tout le monde sait que les enfants mentent parfois. Mais elle souligne l’innocence, la candeur des enfants, qui perçoivent parfois des vérités que les adultes préféreraient cacher et qui les disent sans filtre. Alors que, dans leurs paroles, les adultes prendront des gants ou tourneront autour du pot, les enfants seront souvent cash. Et ce qu’un enfant dira ainsi, on l’acceptera plus volontiers parce que c’est un enfant... Même si les adultes présents le reprendront à leur compte en disant : « la vérité sort de la bouche des enfants ! »

La vérité doit-elle donc toujours être cash ? Il faut sans doute savoir ménager les susceptibilités. Mais ce qu’on accepte de la bouche d’un enfant, pourquoi ne l’acceptons-nous pas toujours de la bouche d’un adulte ? Dans l’Évangile, Jésus invite ses disciples à devenir comme des petits enfants. Cet appel à l’humilité pourrait bien être une clé pour que nos paroles soient accueillies comme vraies.

VINCENT MIEVILLE

À chacun sa vérité

Le 25 novembre 1897, Jean Jaurès, apprenant la révision du procès du capitaine Dreyfus, écrivit dans le Figaro : « La vérité est en marche ; rien ne peut plus l’arrêter ». Chacun avait « sa vérité » sur cette affaire. Une moitié de la France croyait le capitaine coupable tandis que l’autre le pensait innocent. Pourtant soit Dreyfus avait trahi, soit il ne l’avait pas fait. Il y avait donc bien une vérité, et c’était celle de son innocence. En pensant autrement, des millions de personnes s’adonnaient à l’erreur, alors qu’elles estimaient être dans le vrai.

Il est certainement pratique de penser qu’il n’y a pas de vérité, et que chacun peut se créer la sienne. En disant à Jésus : « Qu’est- ce que la vérité ? », Pilate se classait sans doute parmi les adeptes de cette philosophie. Mais la vérité est têtue ; elle existe, même si nous ne le savons pas.

CHRISTIAN SEYTRE

Il n’y a que la vérité qui blesse

On rapporte cette formidable répartie de Winston Churchill à une lady qui lui disait :

« Monsieur Churchill, vous êtes saoul. – Certes, Madame, mais demain je serai sobre et vous, vous serez toujours aussi affreuse ». D’où il ressort qu’il est charitable de ne pas dire toute la vérité quand ce n’est pas indispensable et quand cette vérité est inutilement blessante. Car il peut arriver qu’elle le soit utilement. Et c’est justement le rôle du prophète de blesser utilement(1).

Mais pourquoi laisser entendre que le mensonge, la calomnie, la diffamation seraient sans incidence ? Pourquoi l’un des Dix Commandements stipule-t-il : « Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain((Exode 20.16 et Deutéronome 5.20.) » ? S’il n’y a que la vérité qui blesse, manière de dire qu’on a fait mouche quand on assène une déclaration difficilement contestable et pas agréable à écouter, on ne se prive pas de blesser avec le mensonge. En politique, dans les affaires et ailleurs, c’est même devenu un art, jusque dans les palais de justice où on est censé établir... la vérité.

PHILIPPE MALIDOR

L’heure de vérité

Par cette expression, nous nous attendons souvent à un moment solennel, peut-être un grand dénouement après une longue incertitude. Je me souviens de mourants que j’ai eu l’occasion d’accompagner. À l’un d’eux, je disais : « Dans quelques minutes ou quelques heures peut-être, ce sera l’heure de vérité, le moment de vérifier en direct à la fois la vanité de ce monde, mais aussi la réalité ultime de Dieu ».

Comme tout moment de vérité, il est possible de se préparer à cela. Pour ce qui est de notre mort physique, nous avons une espérance. Jésus a dit de lui-même qu’il était la résurrection et la vie et il a promis : « Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ». C’est ainsi qu’il a pu dire au brigand sur la croix : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

REYNALD  KOZYCKI

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1.
Un superbe exemple se trouve dans la Bible dans 2 Samuel 12.1-14.

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