Matthieu 10.8 : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ».
INTRODUCTION
Dans toutes les cultures, la lèpre est considérée comme un signe de la malédiction des dieux. À cause de cela, des millions d’hommes et de femmes, dans le monde entier sont rejetés hors de la société. Ils sont privés de la chaleur de leur foyer, et privés de la possibilité de subvenir à leurs propres besoins et à ceux de leur famille.
Dans nos pays, la lèpre a disparu depuis environ un siècle. À la Valbonne, près de Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, la léproserie fondée par Philadelphe Delord en 1929 après un séjour missionnaire en Mélanésie a accueilli des malades de la lèpre pendant près de 50 ans, et le dernier y est décédé en 2003.
Ce que l’Ancien Testament désigne par la « Lèpre » dans le Lévitique, concerne manifestement un éventail plus étendu – incluant aussi des tâches sur des tissus, des vêtements de peaux et même sur les murs des maisons. L’ensemble des manifestations appelées « lèpre » dans ce contexte touche des maux pour lesquels il n’y a pas de remède. La solution, c’est l’exclusion des personnes ou la destruction des objets qui portent la marque de la malédiction.
Dans nos Bibles, le terme de « lépreux » est employé très couramment. De nos jours nous évitons généralement de l’utiliser, tout comme on évite de parler d’un « tuberculeux » ou d’un « cancéreux ». La personne affectée par une maladie ne doit pas se résumer à son mal. Nous croyons fermement qu’aux yeux de Dieu, l’être humain, quel que soit son état, reste d’abord un être créé à l’image de Dieu et a droit à tout notre respect. Si, dans la suite de cette prédication le terme « lépreux » est employé, ce ne sera que pour citer les textes bibliques en restant au plus près des expressions employées. Nous croyons que dans ce contexte il n’y a pas lieu de donner un sens péjoratif à cette désignation.
Puisque dans nos pays la lèpre a disparu, pourquoi encore en parler ? Je vois au moins deux bonnes raisons de le faire :
1. À cause de la place à part que revêt ce mal. Faut-il parler de maladie ? Pas si sûr si nous nous en tenons à l’ordre de Jésus dans Matthieu 10. Relisons le verset 8 : « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons… »
2. À cause de l’ordre de missionnaire de Jésus d’aller vers toutes les Nations pour en faire des disciples, nous sommes aujourd’hui encore confrontés à la lèpre et aux terribles conséquences qu’elle entraîne. Jésus, en venant sur la terre, s’est dépouillé de sa divinité et s’est abaissé pour s’approcher des plus petits et des plus malheureux (Ph 2.1-11). Nous sommes invités à l’imiter. Il est donc tout à fait normal que nous nous préoccupions du devenir de ceux qui par « excellence » symbolisent le péché. Jésus, en venant sur terre a mis un terme à la malédiction.
Mais avant d’en venir aux bonnes nouvelles de la Nouvelle Alliance, il vaut la peine de s’arrêter d’abord à ce que l’Ancien testament nous apprend. Deux chapitres entiers sont nécessaires pour donner aux Sacrificateurs des instructions au sujet de la lèpre (Lévitique 13 & 14).
I. LA LÈPRE SOUS L’ANCIENNE ALLIANCE
Si Dieu donne la lèpre en signe de réprobation, cette malédiction n’est pas irréversible. Le lévitique donne aussi tout un ensemble de prescriptions pour la purification des « lépreux » lorsque l’impureté a disparu. Myriam, sœur d’Aaron et de Moïse, est exclue pendant une semaine hors du camp et après cela sa lèpre disparaît. Le cas le plus spectaculaire est celui de Naaman, chef de l’armée syrienne (2 R 5). La jeune esclave ramenée d’Israël lors d’une des razzias que les Syriens menaient périodiquement et qui était au service de la femme de Naaman sait que dans son pays les lépreux peuvent être purifiés. Elle surmonte sa peine d’être coupée de sa famille et manifeste de la compassion pour son maître qui est atteint de lèpre. Bientôt, il va perdre sa place et être chassé comme un pestiféré. Mais la jeune fille suggère que s’il était en Israël, il pourrait être débarrassé de sa lèpre. Après bien des péripéties, Naaman accepte d’aller se plonger dans le Jourdain. Ce représentant d’un peuple particulièrement honni en Israël devient un adorateur du Dieu vivant.
Quelques temps après (2 chapitres plus loin dans le second livre des Rois) les Syriens sont une nouvelle fois devant Samarie et assiègent la ville. La nourriture vient à manquer, et le prophète Élisée annonce que le lendemain, il y aura de la fleur de farine et de l’orge en abondance. Personne ne le croit. Bien que le prophète ait à plusieurs reprises averti des plans de Ben Hadad, roi de Syrie, le roi d’Israël ne croit pas à l’annonce du prophète. L’écuyer du roi se moque également en affirmant que même si Dieu ouvrait des fenêtres dans le ciel une pareille chose serait impossible. Le prophète lui annonce qu’il le verra de ses yeux mais qu’il n’en profitera pas. En effet, il fut piétiné par la foule qui se pressait à la porte dont il organisait la garde.
Pendant ce temps, 4 lépreux qui se trouvent hors des murs n’ont plus rien à se mettre sous la dent depuis longtemps. Ils comprennent que ce n’est pas de Samarie que pourra leur venir le secours. Ils se dirent donc : Nous n’avons rien à perdre, allons voir du côté du camp des Syriens. À leur arrivée, ils ont trouvé le camp abandonné. À mesure qu’ils avancent, ils vont de surprise en surprise. La panique avait saisi cette armée redoutable et ils ont tout laissé sur place. Une fois repus, nos 4 lépreux se regardent et disent : ce que nous faisons n’est pas bien ! Allons annoncer à Samarie que les Syriens ont tout laissé sur place. C’est ainsi que se réalise l’annonce de la délivrance d’Élisée. Les lépreux sont des morts-vivants, mais ils ne sont pas sans compassion !
a) Un signe de réprobation. La lèpre est manifestement un signe de réprobation que Dieu « envoie » :
• Quand Il apparaît à Moïse dans le désert pour l’envoyer en Égypte et que celui-ci demande des preuves, il lui donne pour signes le serpent et la lèpre (Ex 4).
• Myriam est frappée de lèpre quand elle et son frère Aaron parlent contre Moïse (Nb 12).
b) Une punition. C’est aussi une punition qui frappe dans des situations bien particulières :
• Quand Guéhazi, serviteur du prophète Élisée va trouver Naaman pour prendre de lui une partie des cadeaux que son maître avait refusés, il est couvert de la lèpre. Lui et sa descendance en sont frappés.
• Lorsque le roi Ozias (2 Ch 26) prétend prendre la place des sacrificateurs, il est frappé de lèpre par Dieu et il doit quitter le temple précipitamment.
c) Un retour possible vers le monde des vivants. La grande différence entre ce qui est prévu dans les lois et les ordonnances de l’ancienne alliance et ce qui se passe dans la plupart des autres cultures, concerne le sort des personnes dont la lèpre a disparu.
Jusqu’à aujourd’hui, de manière générale, une personne ayant eu la lèpre, reste une personne pestiférée. Il lui est presque impossible de revenir à une vie normale, de retrouver l’affection des siens et une place dans la société. C’est une des pires formes d’exclusion qui soit.
Les règles données au peuple d’Israël dans le Lévitique (chap. 13-14) ne concernent pas seulement des méthodes très précises pour vérifier si la personne suspecte est effectivement affectée par la lèpre, mais aussi tout un ensemble de prescriptions pour la purification des « lépreux » lorsque la lèpre a disparu. A part les cas déjà mentionnés de Moïse, de Myriam et de Naaman, l’Ancien Testament ne mentionne pas de cas de guérison. Mais il semble assez évident qu’il devait y en avoir d’autres. Comment la petite jeune fille, captive dans la maison de Naaman aurait-elle si naturellement pensé à la différence du sort que son maître pourrait connaître s’il vivait en Israël ?
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