Texte de Prédication : La Sagesse - Pr 8.1-36

Extrait Texte de prédication 1 commentaire

La  prédication  qui  suit  a  été  assurée  le  dimanche  9 novembre 2008 au cours du culte de l’Église Évangélique Libre de Meulan. Chacun pourra, après celle-ci, lire avec profit  les  commentaires  que  nous  en  livre  Émile  Nicole, son auteur.

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Texte de Prédication : La Sagesse - Pr 8.1-36

Quelle est cette voix qui s’adresse à nous avec autant d’insistance et d’autorité ? Dans la Bible, c’est la voix de Dieu que nous nous attendons à entendre, la voix de Dieu et parfois aussi la voix des hommes qui lui adressent leur prière, comme dans le livre des Psaumes. Et voici qu’une autre voix se fait aussi entendre qui n’est ni celle de Dieu, ni celle d’un être humain, la voix de la sagesse.

La sagesse… Nous pressentons bien qu’il y a là une mise en scène, une forme de fiction. La sagesse n’est pas une personne que nous pourrions rencontrer au coin de la rue ou dans quelque lieu plus retiré, une personne qui pourrait nous adresser la parole. La sagesse est une abstraction et si elle nous parle ici dans ce chapitre 8 des Proverbes ainsi qu’au chapitre 1er et au chapitre 9, c’est parce que quelqu’un la fait parler, lui donne artificiellement la consistance d’une personne qui s’adresse à nous.

Cet artifice a un double avantage ; il nous rend cette réalité abstraite qu’est la sagesse plus compréhensible et plus tangible. Nous avons en effet une difficulté particulière à comprendre ce qui est abstrait et aussi à admettre ce qui est abstrait. Les réalités concrètes s’imposent à nous avec toute la force de l’évidence, je suis debout sur cette estrade, vous êtes bien assis sur des chaises. Voilà des choses simples et franches, mais la sagesse… Essayons simplement de la définir… et nous voilà perdus. Et pourtant la sagesse existe bel et bien, elle est importante, elle est vitale nous dit le livre des Proverbes. Alors, laissons-nous prendre et instruire par cette mise en scène si vivante et si utile de la sagesse.

Première information et aussi surprise : la sagesse est au coin de la rue et elle crie.

Elle est proche et disponible. Elle n’est pas cachée dans quelque lieu secret : une bonne adresse, connue des seuls initiés, téléphone sur liste rouge, pas de plaque sur la porte. Elle n’est pas non plus retirée du monde dans un monastère perdu au fin fond de la Corrèze ou au cœur des montagnes de l’Himalaya. Il n’est pas nécessaire d’entreprendre un long pèlerinage pour partir à sa recherche. Elle est là à notre porte, là où tout le monde passe, à la place de la Mairie, au marché, à la gare St-Lazare. Et au milieu de la foule, elle ne se promène pas incognito attendant que par hasard quelqu’un la reconnaisse. Elle ne reste pas discrète adressant la parole en privé à quelque passant : elle crie, elle appelle.

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que où que nous allions dans le monde, partout où nous portons nos regards la réalité témoigne d’un ordre, d’une logique, d’une sagesse qui est tellement évidente qu’elle crie. Et cette sagesse, elle n’est pas seulement évidente dans la nature, la nature vierge, la nature protégée, la nature soustraite à l’activité humaine qui la dénaturerait, la sagesse est évidente dans la ville, aux lieux les plus fréquentés. L’activité humaine elle-même est un témoignage évident à cette sagesse qui crie.

Remarquons bien que le texte met en scène la sagesse et non pas Dieu lui-même. Même si Dieu et la sagesse sont très proches – le discours de la sagesse le souligne – ils ne sont pas identiques. Si la sagesse crie dans le monde sur les places et jusqu’au coin de la rue, c’est assurément parce que le monde est un monde créé par Dieu et qu’il a tout fait avec sagesse. Mais Dieu, lui, ne crie pas comme la sagesse. Ce sont deux voix différentes et complémentaires. La voix de Dieu, ce n’est pas au coin de la rue que nous l’entendons (du moins pas habituellement parce que Dieu est toujours libre de se révéler de manière exceptionnelle). Ce n’est pas dans tous les livres mais spécialement dans la Bible que nous cherchons à entendre sa voix. Et ce matin nous ne nous sommes pas contentés de nous promener dans la rue (où crie la sagesse), mais nous avons choisi de nous réunir dans ce lieu de culte pour entendre Dieu nous parler.

Mais lorsque Dieu nous parle, lorsque nous ouvrons la Bible, elle nous renvoie aussi au discours de la sagesse qui se fait entendre partout, au-delà de la Bible, au-delà des lieux de culte parce que le monde dans lequel nous vivons est un monde crée par Dieu.

S’il est vital pour nous de lire assidûment la Bible et de la méditer, de nous réunir pour le culte, nous n’avons pas à mener une vie étriquée ou cloisonnée. Au coin de la rue nous sommes encore dans le monde de Dieu. Dans les différentes disciplines de la connaissance humaine enseignées dans les écoles : la physique, les mathématiques, l’histoire, la géographie, les langues, la littérature, la philosophie, nous sommes encore dans le monde de Dieu, ainsi que dans toutes les activités humaines pour produire des richesses, pour gérer la société, pour aider et soigner c’est toujours le monde de Dieu, un monde dans lequel la sagesse est présente.

v.15 : « C’est par moi que les rois règnent et que les princes légifèrent avec justice ».
v.16 : « C’est par moi que gouvernent les chefs, les nobles, tous les juges de la terre ».

On pourrait allonger la liste en incluant les chercheurs, les médecins, les ingénieurs, etc. On pourrait même ajouter les économistes et les banquiers car même lorsqu’ils sont imprudents ou franchement malhonnêtes, ils nous font comprendre par contraste toute la sagesse déployée dans leur activité.

Tout cela nous confirme que notre vie de croyant ne se limite pas à des actes de piété mais concerne toute notre existence dans tous ses aspects.

Deuxième information, en contraste avec la première : cette sagesse qui est là toute proche, sur les places, au coin de la rue, cette sagesse est peu écoutée.

C’est aussi pour cela qu’elle crie. Elle crie, elle appelle, elle cherche à attirer l’attention des passants, mais elle ne paraît guère être entendue. Elle est là, évidente dans le monde, dans l’activité des humains, mais on ne s’intéresse pas à elle. L’énumération des différents lieux où elle se tient suggère tous les efforts qu’elle fait pour attirer l’attention des gens là où ils sont : les hauteurs, près de la route, à la croisée des chemins, aux portes, au seuil de la ville, à l’approche des entrées. Comme un publicitaire qui cherche à occuper tous les emplacements stratégiques, elle va partout. Mais on voit bien qu’elle a de la peine à se faire entendre, elle est obligée d’insister : « C’est à vous humains que je m’adresse ! » (v.4).

Elle désigne ceux à qui elle s’adresse comme étant naïfs, stupides. C’est pour leur faire comprendre à quel point ils ont besoin de ses instructions : « Naïfs, devenez avisés, gens stupides, devenez intelligents ! » (v.5). Mais c’est probablement aussi parce qu’ils ne l’écoutent pas. Elle insiste : « J’ai des choses importantes à dire ! » (v.6). Elle promet d’être honnête, claire et essaie de faire comprendre aux gens qu’elle est plus désirable que les biens les plus précieux : l’or, l’argent, les perles. Elle ne se décourage pas, elle énumère les avantages qu’elle procure à ceux qui l’aiment, explique qu’elle était là avant la création et termine son discours par un nouvel appel où elle se fait plus proche encore : « Maintenant, fils écoutez-moi ! » (v.32), décrivant le bonheur de ceux qui reçoivent son instruction : « Celui qui me trouve, trouve la vie » (v.35).

Cette sagesse qui est là dans le monde, visible dans la nature et les activités des hommes, elle n’occupe pas naturellement notre pensée, ne dirige pas nos activités. Il faut la rechercher, l’aimer, y mettre le prix, y mettre autant d’ardeur et d’assiduité qu’un amoureux qui cherche à gagner le cœur de celle qu’il aime : « Heureux celui qui veille jour après jour à mon seuil, qui monte la garde près des montants de ma porte » (v.34). Mais malgré toutes ces invitations pressantes, l’appel de la sagesse se termine par l’évocation du sort tragique de celui qui la néglige et ne l’aime pas : « Tous ceux qui me détestent aiment la mort ».

Le monde où crie la sagesse, monde créé par Dieu, est donc aussi un monde où la sagesse est mal entendue, peu reçue par les hommes, un monde où se joue un destin tragique de vie ou de mort. Ne pas chercher la sagesse, ne pas aimer la sagesse, préférer vivre à sa guise, sans s’embarrasser de règles, comme ça vient, comme on le sent, ce n’est pas une option parmi d’autres, un choix sans conséquence, cela revient en fait à aimer la mort.

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Auteurs
Émile NICOLE

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Commentaires

Sylvain

18 February 2012, à 00:50

J'ai beaucoup aimé cette article, merci

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