Dieu a en effet mis sur mon chemin un « ange », comme je l’appelle, une femme médecin qui remplace régulièrement mon médecin traitant. Très belle et toujours très bien habillée, avec une douceur chaude dans la voix et dont les yeux perçants rappellent ses origines iraniennes.
Je l’avais consultée déjà plusieurs fois alors que j’étais en pleine crise d’angoisse et que j’étais à la limite de mes forces psychiques. Je voulais qu’elle me prescrive un antidépresseur plus fort, car ça n’allait toujours pas malgré ma médication. Elle avait fait son travail et m’avait prescrit le même antidépresseur à plus forte dose.
Alors que j’étais en arrêt-maladie depuis quelque temps déjà, et que mon directeur des ressources humaines m’avait proposé un licenciement à l’amiable si je ne me sentais pas la force de revenir travailler, elle m’a encouragée à le faire patienter. Moi-même ne voulais pas de ce licenciement car il n’était pas question pour moi d’être, en plus de mes difficultés, sans travail et sans ressources. Je savais aussi trop bien comment ça se termine dans ce cas. De plus, mes enfants me forçaient à sortir, à ne pas rester dormir, pleurer ou broyer du noir à la maison.
Pendant mon arrêt-maladie, j’avais pris l’habitude d’attendre mon mari au parc sur un banc avec les enfants. Les journées sont bien longues quand on est dépressif ! Je comprends mieux aujourd’hui ce que peuvent ressentir les personnes seules, en mal de vivre, sans personne pour les aider à garder un minimum la tête hors de l’eau. J’en suis même arrivée à comprendre le geste désespéré de mon amie et des centaines de personnes qui passent à l’acte.
Le tournant
Un soir, mon « ange » qui connaissait mes habitudes, m’a surprise en venant s’assoir à côté de moi sur le banc. Nous avons eu une conversation qui a été pour ma part des plus étranges... ...