Retour en France
Changement de décor : nous quittons notre Afrique pour Versailles, en région parisienne. Le choc est brutal.
Nous sommes restés cinq ans en Île-de-France. Pendant tout ce temps, j’étais mélancolique, j’avais la nostalgie de l’Afrique ; je cherchais bien des histoires de cœur, mais je n’arrivais pas à dépasser le stade de l’approche. J’étais mal dans ma peau, complexée par mon physique de grande perche sans formes. Je n’arrivais pas à m’ouvrir aux garçons qui, eux, commençaient à chercher plus que le stade des bisous. J’ai fait la connaissance de C., une fille plus expérimentée que moi vis-à-vis des garçons. Nous étions proches, nous sommes devenues intimes. Des années plus tard, j’ai appris qu’elle avait eu un enfant par accident à dix-neuf ans et qu’en fait elle préférait les filles.
Où était donc mon prince, celui qui me protégerait, qui me rendrait heureuse, avec qui je pourrais fonder ma propre famille ? Rien à l’horizon.
Vers quinze ans, j’ai commencé à sortir le soir. Le premier garçon que j’ai embrassé comme au cinéma, est l’un de ceux qui m’a laissé une marque à vie : il a laissé tomber la braise de sa cigarette sur mon décolleté. J’en ai gardé une marque sur ma poitrine pendant des années.
J’aurais imaginé différente ma première relation sexuelle par amour avec l’homme de ma vie. Hélas, ce ne fut pas du tout comme je l’avais rêvé, puisque j’ai choisi la solution incolore, inodore : me rendre saoule. Sans commentaire !
J’avais gâché ma première fois, les suivantes ne furent pas mieux. L’espoir de vivre une belle histoire me paraissait compromis. Toutefois, dans ma bulle, je restais la petite fille qui rêvait quand même qu’un jour son prince charmant viendrait la sauver.
L’alcool m’aidait donc à fréquenter des garçons. Il m’empêchait d’avoir peur, mais je restais extrêmement méfiante : s'ils ne correspondaient pas à ma vision du prince charmant, je les quittais sur-le-champ, sans façon. À chaque fois que j’étais amoureuse, j’étais bloquée par la peur de me donner et de souffrir. En plus, j’avais honte de mon corps, trop grand à mon goût, avec un décolleté vide et, de surcroît, griffé et marqué à la cigarette. J’avais une réputation de rebelle « sans pitié » vis-à-vis des mecs.
Expériences occultes
Cela ne se passait pas très bien à l’école, mes notes n’étaient pas bonnes. Du coup, ma mère m’a envoyée dans un établissement privé pour m’éviter de redoubler ma troisième et de devoir passer un Bac pro. C’était une école catholique. Je connaissais un peu cette religion, car j’avais suivi le catéchisme et fait ma première communion en Hollande. Il m’arrivait souvent de prier le Notre Père, car j’avais peur de la mort. Je pensais que Dieu, lui, me protégerait. Je me sentais en sécurité avec cette prière, elle m’apaisait. En fait, j’ai toujours été une personne spirituelle comprenant qu’il y a des esprits méchants sur cette Terre. En revanche, je voyais plutôt Dieu comme un juge, et je ne connaissais pas l’autorité de Jésus sur les puissances du mal. Je savais que la vie ne tenait qu’à un fil, car j’avais entendu toutes sortes d’histoires dramatiques concernant ma famille. En Afrique aussi. Un jour, nous sommes partis avec l’école vivre pendant trois jours dans un monastère avec des frères et des curés pour apprendre à mieux connaître la religion. Nous dormions dans des dortoirs. Un soir, avec les filles, nous avons décidé d’appeler les esprits avec un briquet...