Un jeune homme se sent à l’étroit à la maison. Il ne vit plus de l’amour de ses parents. Il aspire à l’indépendance. Pour pouvoir partir au loin, il réclame sa part d’héritage de suite. On imagine sans peine la souffrance du père, mais celui-ci accède sans discussion à sa demande. Alors que rien ne l’y contraint, il distribue sans rien dire l’héritage de son vivant.
Nul doute que les auditeurs du Christ ont commencé à comprendre : derrière le père de la parabole, Jésus parle de Dieu, un Dieu qui aime tellement les hommes qu’il les laisse libres de le fuir, de lui dire non.
Dès qu’il a obtenu ce qu’il voulait, le jeune homme part au loin et dépense tout son argent.
Le tournant
Ce qu’il n’avait pas prévu arrive : après l’aisance viennent le dénuement et la détresse. Sans argent et loin de chez lui, il ne mange même pas à sa faim.
C’est dans cette situation tragique qu’il prend conscience des conséquences de son erreur et du mal qu’il a commis. Il « rentre en lui-même » dit Jésus. Le voilà alors prêt à retourner vers son père et à reconnaître qu’il a été jusqu’ici complètement « à côté de la plaque ». En d’autres termes, il est conscient qu’il doit reconnaître son péché. Il lui faut demander pardon.
La rencontre
Rembrandt peint ici le moment de la rencontre du père et du fils. En effet, Jésus poursuit l’histoire en racontant l’accueil incroyable que le père fait à son fils repentant.
Le visage du père est ridé. On le croirait presque aveugle, les yeux usés d’avoir pleuré son fils et d’avoir guetté son improbable retour.
L’attitude du fils
Quant au fils, l’artiste nous le présente comme un condamné, les cheveux rasés, comme tout juste sorti de prison. Sa tunique déchirée et la chaussure usée contrastent avec la beauté du riche vêtement du père. Le vide d’une sandale nous permet de comprendre qu’il a fallu qu’il parvienne à ce dénuement pour redevenir petit enfant et ainsi se blottir tout contre son père.
Car le fils est à genoux, la tête enfouie dans le sein du père, comme pour « naître de nouveau ». Comme si le père s’apprêtait à « accoucher » d’un homme nouveau.
Par le pardon qu’il accorde à son fils, en effet, il le « remet au monde ». Celui-ci a les yeux fermés et la bouche close, on le voit s’abandonner en son père. Le temps ne compte plus, il savoure la grâce. C’est un homme nouveau.
Et le manteau posé sur les épaules du Père peut maintenant envelopper à nouveau le fils. En effet, bientôt on tuera le veau gras pour se réjouir. Le père court le risque de ne pas être compris mais pour lui, c’est clair : il pensait son fils mort et il le revoit vivant ; il le savait perdu et le voilà retrouvé.
Les couleurs sont chaudes : c’est la chaleur de la maison retrouvée. C’est enfin le calme, la tranquillité. Enfin, il peut maintenant comprendre la vraie richesse du Père : celle de son amour sans condition.
Le cœur du Père
Les auditeurs de Jésus ont pu le comprendre. Jésus décrit le cœur de Dieu le Père dans cette histoire. Il nous indique aussi le chemin à prendre pour revenir à lui. Jésus nous assure ainsi que Dieu ne manquera pas de nous accueillir, de nous faire grâce, de refaire de nous ses fils. Car Jésus décrit un Dieu Père qui ne cesse de descendre vers les hommes, de se pencher vers eux pour les encourager à revenir vers lui. Et lorsque nous lui offrons la joie de prendre le chemin qui nous ramène vers lui, il n’a de cesse de nous accueillir tout près de lui comme un Père plein de tendresse.
Ce n’est pas tout
À travers cette histoire, Jésus a préparé ses auditeurs à recevoir la Bonne Nouvelle : lui, le Fils bien-aimé du Père, s’apprêtait à donner sa vie en sacrifice par amour pour les hommes. Quelques mois plus tard, il allait ainsi ouvrir par sa mort sur la croix la porte à tous ceux qui veulent revenir vers Dieu. L’Évangile le proclame : parce que Jésus a payé le prix du pardon, Dieu peut l’offrir à toute personne qui revient vers lui. En Jésus-Christ, Dieu lui-même a satisfait aux exigences de sa justice et de son amour.