Le Havre de grâce
Comme son nom l’indique, Le Havre a d’abord été un port avant de devenir une ville. Au départ, il y a une crique dite « de Grâce », composée en fait de trois plans d’eau navigables à marée haute. Il y a donc un havre avant Le Havre ! Ces criques servent alors d’abri aux navires de petit tonnage qui viennent y trouver un havre de repos et d’échouage.
Sur une représentation de la crique de Grâce datée de l’an 1500, on voit clairement un groupe d’habitations regroupées autour d’une chapelle à la pointe sud d’une langue de terre qui s’étend jusqu’à la mer. La chapelle est pauvre et simple à l’image de la population qui l’a élevée. Un embryon de ville prend forme autour de la crique de ce havre de Grâce.
Par la volonté de François 1er (1494-1547) alors tout jeune roi, cette « crique de Grâce » allait passer de l’ombre à la lumière pratiquement du jour au lendemain. Le port est devenu ainsi l’un des plus importants et des plus dynamiques de l’Hexagone (1517).
Une vallée dans le Doubs
À moins de 30 km de Besançon, le monastère de la Grâce-Dieu est blotti au creux d’un vallon verdoyant qui offre aux visiteurs la tranquillité, la sérénité et l’apaisement de l’esprit. Dans ce merveilleux paysage, loin des espaces tumultueux et agités des grands axes de la région, tout porte à la réflexion, à la méditation, au retour sur soi. Mais il n’en a pas toujours été ainsi...
Au printemps 1139, cinq religieux arrivent dans un vallon boisé, en bordure d'une rivière au sein d'une région au relief escarpé, vide de présence humaine. Le silence n'y est perturbé que par le grondement de la cascade de l'Audeux. Cette vallée avait la triste réputation (pour l’époque) de « vallée des Hiboux ». Ils construisent un abri et un oratoire. Ils défrichent, ils assainissent cette région encore sauvage. Puis ils nomment cette vallée « Vallée Fleurie ». Tout semble bien aller dans un premier temps, mais ensuite ils éprouvent le besoin d’invoquer spécialement la faveur de Dieu. C’est ainsi qu’ils l’appellent « Lieu de la Grâce-Dieu », nom qui va lui rester. Pourquoi ce changement de nom ? Sans doute parce que les conditions de vie y étaient telles qu’elles ont dû dépasser leurs forces. Il n’y avait qu’une solution : se confier à la grâce de Dieu.
Un quartier de Caen
« Grâce de Dieu » est aujourd’hui un quartier sensible de la commune de Caen. Ses 7.220 habitants sont en majorité très jeunes et locataires. Les HLM constituent 52 % des habitations tandis que 25 % de la population y est au chômage.
Les raisons qui sont à l’origine du nom de ce quartier ne sont plus les mêmes. Les difficultés liées à la météo et à la nature ont fait place aux difficultés économiques qui ne sont pas moindres. Mais le besoin de trouver un abri demeure.
Une voie à explorer ?
L’expression « grâce de Dieu » attachée à certains de nos toponymes ne pourrait-elle pas nous mettre en chemin pour trouver ce qui pourra combler nos besoins ?