Près de chez moi, avant même l’arrivée des réfugiés, la propagande xénophobe promettait des migrants « pédophiles, voleurs, profiteurs... ». Il y a eu des menaces : « Si j’en rencontre un la nuit, il finira dans la Seine ! » En fait, ils n’étaient rien de tout cela.
Rumeurs et réalités
Claire Houbert, fondatrice de la plateforme Solidarité migrants 95, raconte : « Le bruit court qu’on leur réserve des logements au détriment des Français alors qu’ils vivent dans des hôtels déclassés ou dans la rue, en grande précarité. Les gens font des amalgames. Ils parlent du voile islamique... Alors que c’est rarement dans leurs coutumes. »
Gaëlle Gormley, présidente de l’association lyonnaise Act for Ref, témoigne : « Dans les administrations, en fonction de l’apparence et de la langue parlée, les visages se ferment. La conscience professionnelle, les efforts sont réduits. Parfois la maltraitance verbale blesse. Une fois, j’ai dû insister aux urgences pour qu’une Nigériane agressée soit recousue. Son avant-bras était coupé sur toute sa longueur... La couleur de peau ralentit parfois les secours ! »
Dans une commune touristique dont nous tairons le nom, on ne scolarise pas les enfants de migrants. Officiellement, il n’y a pas assez de classes... Près de chez moi, les voisins des accueillis exigent une haie pour cacher leur progéniture. Pourtant, du temps des anciens occupants, cela ne les dérangeait pas !
Évolutions et situations inquiétantes
Lors des Trente Glorieuses, chacun avait de quoi vivre. Nous partagions une histoire commune avec les immigrés d’Europe ou d’anciennes colonies. Aujourd’hui, c’est la crise économique. La culture des nouveaux arrivants est méconnue, voire méprisée par le terme « migrants ». Ils cristallisent toutes les angoisses face à un environnement incertain.
Claire Houbert confie son inquiétude : « Le racisme atteint des milieux culturels aisés, de gauche, traditionnellement plutôt épargnés par ce phénomène. Et depuis Charlie Hebdo, la situation empire. On les voit comme des terroristes potentiels ! »
Instrumentalisés par les médias et les politiques
En Hongrie, on enferme les demandeurs d’asile dans des conteneurs... En Bulgarie, ils sont battus, parqués dans des locaux insalubres. Les pays frontières de l’Europe sont subventionnés pour s’occuper des réfugiés. Ils les forcent donc à donner leurs empreintes pour justifier leurs deniers, parfois avec des décharges électriques, comme en Italie... Avant de les chasser !
L’été dernier, Laetitia Vernet accompagne un Afghan à la préfecture de Nanterre (région parisienne). La salle d’attente des demandeurs d’asile en risque d’expulsion vers le pays frontière s’appelle : « Salle de déstockage ». Sont-ils encore des humains ou seulement des marchandises à la merci d’un système qui les broie ?
Il suffirait de si peu
En France, les demandeurs d’asile sont interdits de travail, déplacés régulièrement, généralement logés à l’écart. Difficile pour eux de créer des liens humains.
Mais lorsqu’ils rencontrent les habitants, les avis changent. Comme dans les écoles où les familles se côtoient ou les villages qui les ont accueillis. Alors, la compassion remplace l’inquiétude. Ils sont appréciés et soutenus. Car ils ne viennent pas pour profiter de nos biens, mais simplement pour vivre libres et en paix.