A. Introduction
La prédication thématique, comme son nom l’indique, est centrée sur un thème spécifique. Elle est en cela souvent opposée à la prédication dite « textuelle » ou « expositionnelle » (prédication sur une péricope donnée, souvent dans le cadre d’une série suivie sur un livre biblique). Mais une telle opposition doit être relativisée, tant, normalement, la prédication textuelle est elle-même thématique : le message de la prédication est censé être le message véhiculé par le texte choisi. Cependant, là où la prédication thématique se démarque de la prédication textuelle est dans l’objectif recherché : la prédication thématique vise à exposer ce que la Bible enseigne sur un sujet donné. Par exemple, que dit la Bible sur la prière, la justification par la foi, le célibat, le travail ?
Comme les exemples cités ci-dessus l’indiquent, il est rare de parvenir à traiter une thématique biblique de façon exhaustive en une seule prédication – et même en plusieurs, d’ailleurs – à moins, bien sûr, de choisir une thématique très précise. Bien souvent, des monographies entières sont écrites sur un sujet donné… Dans la prédication, des choix doivent donc être faits. Premièrement, afin de bien « résumer » l’enseignement biblique sur un sujet donné. Ceci ne se fait pas sans difficultés, tant le risque est grand de tomber dans des généralisations ne reflétant pas suffisamment les nuances ou développements de l’enseignement biblique. Une bonne connaissance du sujet est ainsi requise pour ne pas proposer un traitement superficiel du sujet. L’art de la synthèse n’est pas donné à tout le monde, et requiert beaucoup de travail. Deuxièmement, des choix doivent aussi être faits quant au nombre de textes bibliques qui seront convoqués dans la prédication. Il est en effet possible de prêcher de façon thématique en ne se basant que sur un seul texte biblique (qui sera expliqué, illustré et appliqué). Cependant, plusieurs textes sont généralement utilisés pour tenter d’expliquer de façon cohérente comment la Bible traite de la thématique choisie. Il faut alors s’assurer que l’exégèse des versets ou textes soit adéquatement réalisée (lors de la préparation, sinon pendant la prédication elle-même), puis que l’agencement de ces différents textes soit harmonieux, pertinent et apte non seulement à « expliquer » une thématique, mais aussi à encourager et exhorter les auditeurs pour leur vie chrétienne. On perçoit, dès lors, que ce type de prédications comporte de nombreuses difficultés, à ne surtout pas minimiser ! Contrairement à une idée reçue, il n’est pas plus simple de prêcher thématiquement que textuellement. Ces deux types de prédications comportent des difficultés intrinsèques et spécifiques, ce qui est d’ailleurs le cas pour tout autre type de prédications. Globalement, il me semble que les prédicateurs novices feront bien de se concentrer sur un seul texte donné (prédication textuelle).
Si la prédication textuelle a le vent en poupe et comporte de nombreux bénéfices (voir l’article dédié dans le présent ouvrage), prêcher thématiquement demeure une nécessité, même si ce n’est qu’occasionnel. En effet, le prédicateur doit tout simplement savoir s’adapter à une situation donnée, car même si cela peut arriver (providentiellement), il est rare qu’un texte de prédication prévu à l’avance permette de répondre adéquatement à un drame survenu dans la communauté ou dans le pays. De même, les temps de l’Église – autour de Noël, Pâques, Pentecôte, etc. – nécessitent bien souvent que le prédicateur organise sa prédication thématiquement en conséquence (typiquement, on prêchera sur la personne ou la vie de l’Esprit lors du dimanche de Pentecôte).
Dans ce qui suit, nous évoquerons quelques bénéfices et risques de la prédication thématique, avant de proposer des pistes pratiques de préparation. Il ressortira de ces quelques pages que, quand une prédication thématique est bien préparée et exposée, elle permet à l’auditoire d’acquérir une compréhension nouvelle ou plus approfondie du sujet. Mais, mal préparée, elle conduit à exprimer des idées que Dieu, dans la Bible, n’a jamais voulu promouvoir.
B. Bénéfices de la prédication thématique
Le premier bénéfice de la prédication thématique est loin d’être le plus important. Cependant, l’expérience montre que, dans l’Église, les gens apprécient particulièrement ce type de sermons. Généralement – et cela est quelque part malheureux ! –, dans les Églises, les gens sont, me semble-t-il, plus intéressés par des sujets thématiques (que dit la Bible sur x ou y ?) que par une explication de texte (que signifie ce passage ?). Les raisons d’une telle préférence peuvent varier, mais on peut citer le fait que cela tend à rejoindre facilement les auditeurs. Bien amenée, la prédication thématique montre en quoi le sujet choisi est pertinent pour eux, ce qui les aidera à se sentir concernés. Par exemple, « puisque nous avons des difficultés à nous discipliner dans notre vie de prière, je vais montrer dans cette prédication ce que dit la Bible sur l’importance et les bienfaits d’une vie de prière conséquente ». En somme, l’attention de l’auditoire est plus facile à capter par la prédication thématique que textuelle.
Deuxièmement, la prédication thématique, comme déjà indiqué en introduction, permet de s’adapter à un contexte donné. Il arrive, en effet, qu’une situation demande une réponse ou un éclairage biblique. Quand un drame survient, par exemple, quand on est invité à prêcher dans une Église qui a besoin d’un enseignement sur un sujet spécifique, ou encore sur un sujet de société brûlant. Là où l’on pourrait attendre des années que le sujet soit évoqué dans une prédication textuelle suivie, la prédication thématique permet de s’adapter rapidement quand la situation l’exige (évidemment, et inversement, la prédication textuelle suivie « force » parfois le prédicateur à traiter d’une thématique à laquelle il n’aurait pas forcément pensé, mais qui n’en demeure pas moins pertinente pour l’auditoire).
Troisièmement, la prédication thématique permet d’enseigner la doctrine biblique, ce qui est évidemment fondamental pour la bonne santé spirituelle d’une communauté chrétienne. Là encore, attendre dans une prédication textuelle suivie que la doctrine de la Trinité, ou l’eschatologie biblique, puissent être abordées peut prendre des années. Et, si l’on craint parfois qu’un auditoire trouve « la doctrine » rébarbative ou ennuyeuse, l’expérience montre que ce n’est pas le cas (à condition bien sûr de faire en sorte que la pertinence de la doctrine pour la vie chrétienne soit perçue et expliquée). Je remarque que les chrétiens de nos Églises évangéliques ont non seulement besoin, mais aussi soif de l’enseignement de la doctrine. Ainsi, en organisant par exemple des séries de prédications doctrinales, on s’assure que « le bon dépôt » soit préservé et enseigné dans l’Église, pour le bénéfice de chacun. En annexe à cet article, vous trouverez d’ailleurs un plan de prédications doctrinales (dogmatiques) proposé par le professeur Henri Blocher (et adapté par Étienne Lhermenault). Il permet d’enseigner les grands domaines de la doctrine chrétienne en 6 années, à raison d’une prédication par mois.
Enfin, et même si cela va de soi, on peut rappeler que la prédication thématique permet de ...