C’est quoi le bien-être ?

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C’est quoi le bien-être ?
Bien assis dans mon fauteuil, attendant le décollage, j’ai allumé ma tablette et me prépare à lire la suite d’un roman qui me passionne. Je ressens un profond sentiment de bien-être à l’idée de ce vol au-dessus de la mer Méditerranée en compagnie d’un bon livre. Mon passager de gauche, lui, a l’air plutôt anxieux. Il demande un verre d’eau à l’hôtesse, y verse un médicament, et soudain s’adresse à moi : « Excusez-moi, Monsieur, je vous préviens, je suis anxieux en avion, surtout au décollage et quand il y a des turbulences. Il faudra m’aider, j’aurai besoin de vous. » Je pense aussitôt que le plus simple pour l’aider à surmonter sa peur est de lui parler. J’éteins ma tablette avec regret et comme l’avion se met en mouvement, je commence à discuter avec lui. Mon sentiment de bien-être a diminué ; le sien, apparemment, a augmenté.

Qu’est-ce que le bien-être ?

« Un état agréable résultant de la satisfaction des besoins du corps et du calme de l'esprit », nous dit le Larousse.
Impossible de dissocier le corps et l’esprit. Je peux être heureux avec un corps malade, mais on ne parlera pas de bien-être ; je peux être en bonne santé et en même temps anxieux ou déprimé ; on ne parlera pas de bien-être non plus. Pour qu’il y ait bien-être, il faut la paix dans le corps et dans l’esprit.
D’après Christophe André, psychiatre français spécialiste de la psychologie du bonheur, le bien-être se « déclenche quand on n’a mal nulle part, qu’on a le ventre plein, qu’on est dans un endroit agréable et confortable, qu’on se sent en sécurité, entouré de congénères bienveillants ». Une définition humoristique, et pleine de bon sens.
Le bien-être est lié aux sens, aux émotions, aux sensations : voir un coucher de soleil, entendre le clapotis des vagues sur la grève, sentir un parfum de jasmin, goûter un aliment préféré, toucher, ressentir, être touché ou caressé…

Des stratégies différentes

Il est normal de rechercher le bien-être. Pour la majorité des gens, il est à portée de main. Chacun a ses stratégies : pour celui-ci, ce sera de prendre un café ou une bière à la terrasse d’un bar, pour un autre pratiquer son sport favori, pour un troisième inviter des amis à dîner, et pour un quatrième faire une promenade en montagne. Souvent ce sera de multiplier les occasions : boire un verre, avec ses amis, après le sport et les inviter à manger ensuite. Pourquoi se limiter ?
Mais heureusement, tout ne se programme pas dans la vie. Le bien-être est imaginatif et surgit à l’improviste : cet oiseau qui chante ce matin à la fin de l’hiver, cet enfant qui me sourit dans la rue, ce collègue de travail qui fait un jeu de mots plaisant… Tout cela participe à ce sentiment de plaisir.

Une prise de conscience

Le bien-être nous entoure, mais nous ne le savons pas. Il est facile de dire que nous vivons mieux que le roi Louis XIV à Versailles, mais c’est intellectuel. Par contre, le voyageur qui rentre d’un voyage dans une région désertique et qui découvre le plaisir de prendre une douche ne verra plus jamais un robinet de la même manière. Cela semble si naturel d’avoir de l’eau à volonté que nous en oublions le bien-être que cela nous procure. Il suffit d’en être privé quelque temps pour voir le monde autrement.
Le bien-être fait bon ménage avec la famille, à condition que les relations soient bonnes. Une réunion familiale peut être un moment de joie ou, au contraire, une source de tensions.

Les limites du bien-être

Bien-être et bonheur sont donc des notions très proches, même si elles ne se superposent pas.
D’après Christophe André, quand un être humain éprouve du bien-être, il peut choisir deux voies : soit chercher à l’augmenter en se lançant dans une quête effrénée de plaisir, soit « en se tournant vers une démarche intérieure : prendre conscience de ce bien-être et le transcender en bonheur ».
La recherche effrénée de plaisir nous montre les limites du bien-être. Faire du sport à haut risque, trop boire ou trop manger, tous ces sentiments de bien-être peuvent provoquer l’envers de ce que l’on cherche.

La voie de la sagesse

La prise de conscience pour transformer le bien-être en bonheur, c’est ce que nous promettaient déjà les sages de l’antiquité : « Mange ta nourriture avec joie, bois ton vin de bon cœur, car depuis longtemps, Dieu approuve ce que tu fais. Porte toujours des vêtements de fête et n’oublie jamais de parfumer ton visage. Profite de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de la courte existence que Dieu te donne sous le soleil. (1) »
C’est peut-être une des meilleures définitions du bien-être. Savoir que nous sommes mortels, que la vie est courte, et apprendre à profiter de tous les moments qui nous sont donnés, avec joie et reconnaissance.

Même au travail

D’après un courant de pensée, contestable et contesté, le mot « travail » viendrait étymologiquement du mot « torture ».
Même si c’était vrai, on n’explique pas un mot du langage courant par son étymologie, et ce serait une erreur de croire que le travail ne produit que du mal-être. S’il est vrai que beaucoup de salariés vivent un stress permanent en entreprise, il est tout aussi vrai que beaucoup d’autres y trouvent du plaisir et du bien-être. Tout dépend du contexte, de la tâche à accomplir, de la qualité du management, de l’autonomie du salarié…
Depuis de nombreuses années, des entreprises ont fait le choix d’avoir dans leurs locaux une salle de sport, des tables de ping-pong... Dans les bureaux, un masseur ou une masseuse peut passer une ou deux fois par semaine pour libérer les tensions dues au travail devant l’ordinateur. De grandes entreprises n’hésitent pas à aller plus loin : salles de silence, de créativité, de coiffure, de sieste… avec même un manager dédié au bonheur des salariés, le CHO (Chief Happiness Officer).
L’entreprise y trouve son compte. Il est prouvé que le mal-être au travail provoque des maladies et de l’absentéisme, alors que le bien-être augmente la productivité des salariés, les rend moins malades et plus créatifs. Mais encore faut-il que le travail soit intéressant.
Le psychologue Csikszentmihalyi a montré qu’un salarié, tout comme un sportif, peut vivre à son travail une expérience optimale: le flow. C’est l’état dans lequel une personne se sent emportée par une force extérieure et a l’impression d’avancer sans effort dans un courant d’énergie, voire ressent de la jouissance. Pour cela deux facteurs, apparemment antagonistes se rejoignent : le plaisir et la performance. Qui n’a pas vécu ce moment où le temps semble aboli parce que l’on est concentré par sa tâche, qu’on sait où l’on va et qu’on se sait compétent. Le plaisir l’emporte alors sur l’ennui.
Quand on vit de tels moments, on est proche du bonheur. D’ailleurs, pour parler du bonheur, les psychologues parlent de « bien-être subjectif ».

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Informations complémentaires

(1) Ecclésiaste 9.7-9

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