Abbudin est un jeune homme d’une vingtaine d’années. Il habite un pays islamique quelque part dans le Golfe persique. Un jour, il a rêvé d’un homme, qu’il a reconnu comme étant Jésus-Christ. Cet homme lui a dit : « Viens vers moi et je te donnerai du repos ». Abbudin a voulu en savoir plus et a finalement choisi de devenir chrétien par la lecture de la Bible. Lorsque ses frères ont trouvé une Bible dans sa chambre, ils l’ont sévèrement battu. Puis son père, un cheikh respecté, a sorti un pistolet qu’il a braqué sur sa tempe. Il lui a dit : « Répète la shahada(1) et redeviens musulman, ou je te tue... »
Se convertir : une drôle d’idée ?
Pour la plupart d’entre nous qui sommes nés dans un pays laïc, l’idée de perdre sa vie à cause d’une religion, ou d’un changement de religion, nous semble choquante. Nous pensons généralement que c’est une affaire personnelle, un choix intime, qui ne concerne que nous. Nous croyons que chacun doit pouvoir choisir son style de vie dès lors que cela ne fait pas de mal aux autres.
D’un autre côté, certains se demandent en quoi il est utile de prendre le risque de perdre sa liberté, ses possessions, sa famille et même sa vie pour une question de religion. Après tout, ne vaut-il pas mieux rester en bonne santé et en sécurité ? Pourtant, aujourd’hui, partout dans le monde, des gens font ce choix extraordinaire.
Les convertis du monde musulman
Portes Ouvertes est une organisation chrétienne qui travaille dans plus de 60 pays où les chrétiens sont persécutés et maltraités. Dans pratiquement chacun d’eux, nous faisons ce constat : ceux qui décident de devenir chrétiens sont les plus persécutés.
Jason Mandryk est un chercheur qui travaille sur le rapport Operation World ou Flashs sur le monde. Avec ses collègues, il regarde, entre autres, le nombre de personnes qui se tournent vers le christianisme. Ils analysent ainsi la croissance de l’Église. Il y a quatre ans, l’équipe de Jason a décidé de croiser ses chiffres avec ceux de l’Index Mondial de Persécution que nous publions. Ce classement recense les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés. Il explique : « La surprise était totale car, en dehors d’une ou de deux exceptions, là où l’Église grandit le plus vite, c’est là où elle est la plus persécutée ». L’Église grandit grâce aux conversions. Ces conversions attirent la persécution mais, malgré l’oppression, les conversions continuent.
Ce phénomène est surtout présent dans des pays musulmans comme nous l’avons vu dans l’histoire d’Abbudin. Même dans les pays les plus conservateurs, comme l’Arabie saoudite ou l’Afghanistan, il arrive que des gens choisissent, en petit nombre, de devenir chrétiens. Dans certains pays, les conversions au christianisme se font même par milliers. Il y a quelques années, un voleur iranien était arrêté par la police et incarcéré à Téhéran dans la prison la plus dure de son pays. C’est là qu’il a entendu parler de Jésus et a choisi de devenir chrétien. Le jour de sa libération, il a pris un taxi et a découvert que le chauffeur du taxi était aussi chrétien. Il s’est empressé de lui dire : « J’ai rencontré Jésus en prison, 80 % des prisonniers dans nos geôles sont des chrétiens ». Portes Ouvertes estime qu’en Iran, le nombre de convertis approche les 350.000. Les autorités du pays estiment que 5.000 musulmans quittent l’islam chaque mois pour devenir chrétiens. Or, tous sont sévèrement persécutés pour avoir changé de religion, et beaucoup se retrouvent en prison.
Les convertis de l’hindouisme
Les convertis d’origine musulmane ne sont pas les seuls à payer le prix fort. Cela se passe aussi dans des pays hindouistes et bouddhistes. Le phénomène est tellement important que certains gouvernements ont érigé des lois « anti-conversions ».
Prenons l’exemple de l’Inde. Aujourd’hui six États de ce pays fédéral ont adopté des lois anti-conversions dans le but d’empêcher ou de rendre très difficile la conversion au christianisme. Ces lois visent les hindous mais surtout les dalits (intouchables), membres d’une des communautés les plus méprisées du pays ; ils sont en effet en dehors du système des castes. Beaucoup parmi eux deviennent chrétiens. Des hindous radicaux passent dans les villages pour obliger les convertis à retourner à l’hindouisme. Ces chrétiens sont battus et maltraités. Dans certains États indiens, le fait de devenir chrétien est considéré comme un crime, mais non l’inverse. Devenir hindou, dans le cadre de campagnes de reconversions forcées, est même implicitement encouragé par le gouvernement.
Les convertis du premier siècle
Le fait de souffrir pour avoir changé de religion n’est pas quelque chose de nouveau. On lit dans la Bible cette exhortation : « Rappelez-vous ce qui s’est passé autrefois quand vous avez reçu la lumière de Dieu. Tout de suite après, vous avez beaucoup souffert et vous avez résisté en combattant durement. Ou bien on vous a insultés et on vous a fait souffrir devant tout le monde, ou encore, vous avez soutenu ceux qu’on traitait de cette façon(2) ». Ces chrétiens, d’origine juive, ont payé un prix élevé après avoir été « éclairés ». La persécution des convertis n’est donc pas nouvelle.
Abbudin, n’a finalement pas été tué par son père. Il a été emprisonné pendant des mois à domicile. Il a été battu et maltraité par ses frères. Mais grâce à sa foi et à son courage, il a tenu bon. Puis un jour, il s’est enfui. Séparé de ses proches, il a rejoint une nouvelle famille, celle de l’Église et il continue de suivre Jésus.
Le choix d’une religion : une liberté fondamentale
L’article 18 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme proclame : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites ». La liberté de changer de religion est donc une liberté fondamentale, universellement reconnue. De ce fait, nous avons le droit de plaider afin que chaque pays permette à chacun de faire le choix de sa religion en toute liberté.