Certains font remarquer que d’autres religions sont porteuses d’un mythe de naissance virginale semblable à ce que nous trouvons dans les évangiles. D’autres affirment que confesser Jésus né d’une vierge, c’est nier son humanité véritable.
Peut-être faudrait-il commencer par préciser: le Nouveau Testament parle de la «conception» virginale de Jésus. C’est la tradition de l’Église qui a ensuite élargi cette perspective pour en arriver à confesser Marie «toujours vierge». Nous nous limiterons ici aux textes bibliques.
Le témoignage des évangiles
Reconnaissons que les évangiles sont discrets. Si la résurrection apparaît comme essentielle dans tous les textes du Nouveau Testament, la conception virginale n’est présentée que dans deux évangiles: Matthieu et Luc. Ce sont d’ailleurs les seuls qui s’intéressent à la conception, à la naissance puis à l’enfance de Jésus.
On remarquera vite qu’ils sont porteurs de deux traditions fort différentes, mais qui se recoupent précisément sur le point qui nous intéresse: Jésus a été conçu du Saint Esprit et il est né sans père humain, du sein de Marie. Les autres évangiles n’abordent pas la question.
On pourra peut-être en repérer un petit indice dans l’évangile de Marc. En effet, alors qu’il n’aborde pas directement le sujet, il indique que pour les gens de Nazareth, Jésus est le «le charpentier, le fils de Marie»(1) alors que Matthieu et Luc parlent de lui comme «fils du charpentier»(2) ou du «fils de Joseph»(3).
Quoi qu’il en soit, même si les textes sont rares, ils sont clairs. On peut imaginer que les traditions liées à la famille de Jésus étaient, à cette époque encore, assez vivantes pour que l’on ne puisse pas dire n’importe quoi dans des textes appelés à faire autorité.
Le sens du miracle
Pour bien des gens, c’est le miracle en lui-même qui pose problème. Or Jésus a accompli beaucoup de miracles et sa vie est comme encadrée de deux miracles fondateurs: sa naissance et sa résurrection. À y regarder de plus près, le grand miracle initial, ce n’est pas la naissance virginale mais bien l’Incarnation: en Jésus, Dieu se fait homme. Voilà l’extraordinaire et l’essentiel. Le reste concerne la manière dont cela arrive. Ce n’est que le signe qui accompagne cet événement fondamental.
Pour qui ne croit pas à la divinité de Jésus, il est certes difficile d’accepter la réalité de sa conception miraculeuse. Mais pour celui qui accepte ce message qui bouleverse en effet nos manières de comprendre, pourquoi être gêné par le signe, somme toute modeste, qui l’accompagne? À l’autre bout des évangiles, le sens de la croix et la victoire sur la mort seront manifestés dans le miracle de la résurrection. Et c’est lui qui sera au centre de la foi chrétienne. Une naissance un peu extraordinaire est-elle si difficile à accepter si l’on croit que Jésus est ressuscité?
Croire ou non
En fait, c’est notre conception générale des évangiles et de la foi qui est en cause. Si Jésus n’est pour nous qu’un homme admirable et un maître spirituel, l’ensemble des miracles nous dérange et il est tentant de n’y voir que le recours au mythe(4) si fréquent dans l’antiquité. Par contre, si nous croyons au message central du Nouveau Testament, qui nous parle du Dieu qui s’est fait homme et du salut en Jésus-Christ, il en va autrement. Comment ne pas accepter alors avec confiance que Dieu accompagne son action par des signes qui montrent et donnent sens ?