L’énigmatique Jésus

Complet Réflexion

Jésus, l’homme qui devint Dieu ou le Dieu qui devint homme? Comme les héros du Da Vinci code, menons l’enquête.

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L’énigmatique Jésus

La fascination pour Jésus ne connaît pas de limite. De Voltaire à Brassens, en passant par Gandhi, les avis sont unanimes et élogieux! Jésus a même tellement marqué l’histoire de l’humanité qu’il est légitime de se demander si ses disciples, eux-mêmes fascinés, ne l’ont pas trop vite divinisé en laissant dans l’ombre la face obscure du maître.

Un homme divinisé?

Depuis plus de deux mille ans, si les chrétiens affirment que Dieu a marché sur la terre, d’autres (juifs, ariens, musulmans, témoins de Jéhovah, libres penseurs …) préfèrent croire, comme les héros du livre de Dan Brown, que ce sont les hommes qui ont fait de Jésus un Dieu. En fait, l’auteur du «Da Vinci Code» va même plus loin en prétendant que les chrétiens eux-mêmes n’y ont jamais cru avant 325, date à laquelle l’empereur Constantin aurait imposé la divinité du Christ.

Et si c’était vrai? Et si l’Église nous avait vraiment «menés en bateau» depuis tout ce temps? Qu’est-ce que cela changerait? Est-il important pour les chrétiens que Jésus soit Dieu? Que disent vraiment les textes bibliques? Jésus s’est-il pris pour Dieu ou bien ses disciples l’ont-ils divinisé post mortem? Enfin, est-il possible de croire qu’il est vraiment Dieu, sans donner l’impression que nous sombrons dans l’irrationnel?!

Quelle importance?

Face aux questions posées, on pourrait se contenter des paroles du Christ en se disant: elles illuminent déjà le monde et pourraient bien le changer si nous les prenions au sérieux et si nous les mettions en pratique!

Cependant, même si cette proposition est tentante puisqu’elle nous permettrait de mettre de côté ce qui fâche, elle est incompatible avec l’essence même du christianisme. Il n’est pas une simple doctrine. Il est aussi affaire de faits. D’autre part, la question de la divinité du Christ est fondamentale.

À ce sujet l’apôtre Paul est clair: «Si Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vaine et votre foi aussi est vaine» (1). Il répond aux chrétiens qui, dès les premiers temps, contestaient la résurrection des corps et spiritualisaient le message biblique. Si Jésus n’est pas ressuscité et s’il n’est pas Dieu, tout l’édifice s’écroule. S’il n’est pas Dieu fait homme, alors sa mort ne sert à rien. Et si ses disciples n’y ont pas cru, comment comprendre alors?

Toute la Bible en parle

L’Ancien Testament, la première partie de la Bible écrite avant la naissance de Jésus, parle d’un Messie à venir. Huit siècles avant Jésus, le prophète Ésaïe annonce la naissance d’un enfant qui possède les attributs de la divinité puisqu’on l’appellera «Conseiller, Dieu puissant, Père éternel …» (2) Trois siècles plus tard, Malachie, un autre prophète, déclare que Dieu va se déplacer, précédé d’un messager (3).

Dans le Nouveau Testament, Jésus lui-même, malgré son désir de cacher cette vérité le plus longtemps possible (4) - sans doute pour éviter les malentendus - montre clairement qu’il est Dieu. S’identifiant au «fils de l’homme» Jésus annonce à un paralytique le pardon de ses péchés. Puis, alors que les religieux comprennent qu’il se prend pour Dieu, il le guérit afin de rendre visible ce qu’il a déjà accompli dans son cœur (5).

Dans l’évangile de Luc, Jésus accepte qu’un lépreux guéri se prosterne devant lui (6), chose que les apôtres refuseront énergiquement pour eux-mêmes, conscients qu’ils n’étaient que des hommes (7). Jésus ne reprend pas non plus Thomas, qui, le voyant ressuscité, s’exclame: «Mon seigneur et mon Dieu» (8). Enfin, le Christ provoque la colère des religieux lorsqu’il déclare «avant qu’Abraham existe, ‘je suis’» (9).) et plus loin: «Moi et le Père nous sommes uns» (10).

Tous ces comportements et ces paroles nous permettent de comprendre la fureur des religieux: «C’est pour un blasphème que nous te lapidons, parce que toi qui es un homme, tu te fais Dieu» (11). Les apôtres vont abondamment relayer cette vérité qu’ils ont clairement assimilée, notamment depuis qu’ils ont vu le Christ ressuscité (12). Ainsi tout le Nouveau Testament présente Jésus comme Dieu. Les tout premiers chrétiens ont immédiatement cru en la divinité du Christ et ils n’ont pas attendu le concile de Nicée en 325 pour le dire!

La thèse du complot

Les spécialistes laïques des textes bibliques confirment d’ailleurs l’erreur théologique de Dan Brown. En effet, les témoignages des premiers pères de l’Eglise sont unanimes (13): Jésus a bien été considéré comme Dieu.

Ce n’est qu’à partir du moment où certains théologiens (comme Arius) ont remis cette doctrine en question, que l’Église a rédigé des confessions de foi pour clarifier la position des chrétiens (14), il tentera plus tard, au contraire, de faire vaincre ce même arianisme, sans succès.). Il faut d’autre part constater la sobriété et la finesse des quatre évangiles qui se sont imposés à l’Église (15). Loin de l’atmosphère extravagante des évangiles apocryphes, on y découvre l’étonnement des disciples devant l’enseignement du Christ et devant sa résurrection, leurs difficultés à croire, leurs reniements. Avec des accents et des intentions diverses, ils racontent ce qu’ils ont vu, entendu et touché.

Ces apôtres ne semblaient pas préparés à devenir des témoins héroïques et la sincérité de leurs propos fait mouche. D’ailleurs peut-on imaginer que ces hommes simples auraient accepté de mourir pour un mensonge qu’ils auraient eux-mêmes fabriqué? Et le christianisme aurait-il connu un tel essor si les premiers témoins avaient tous été victimes d’un mensonge ou d’une série (!) d’hallucinations collectives?

Tous ces arguments ne sauraient pourtant convaincre les sceptiques. Ils ne pourront jamais non plus vraiment écarter la thèse du complot. D’autant que l’argumentation de Dan Brown et des «pro Da Vinci Code» est sans appel: il n’y a pas vraiment de preuve du complot et c’est justement la preuve qu’il y a eu complot ! (16).

Les chrétiens ne peuvent (et ne veulent) obliger personne à croire que ce que disent les textes bibliques concernant Jésus est vrai. Ils le croient pourtant et réclament au minimum la présomption d’innocence! Notre époque est assoiffée de justice et elle fait pourtant régulièrement le procès de la Bible sans même entendre la parole de l’accusé, ni celle de l’avocat de la défense. Les romanciers et les journalistes ont leur mot à dire mais leurs paroles, même nouvelles et bien formulées, ne sont pas forcément paroles d’évangile!

N’hésitez pas à étudier sérieusement ce sujet capital afin de vous forger une opinion. En effet, il se pourrait bien que le jour le plus important de l’histoire de l’humanité ne soit pas le jour où l’homme a marché sur la lune mais bien celui où Dieu a marché sur la terre!

Auteurs
Pascal GONZALEZ

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1.
1 Corinthiens 15
2.
Ésaïe 9.6
3.
Malachie 3.1
4.
Marc 3.12 et 8.30
5.
Marc 2.1-12
6.
Luc 17.11-19
7.
Actes 10.25-26
8.
Jean 20.28
9.
Jean 8.58. Jésus reprend même ici la formule utilisée par Dieu pour se révéler à Moïse (Exode 3.14
10.
Jean 10.30
11.
Jean 10.33
12.
Par exemple le chapitre 1 de l’évangile de Jean et le premier verset de la seconde épître de Pierre.
13.
Clément de Rome en 150, Justin Martyr en 165, Irénée de Lyon en 200… Tous présentent déjà clairement la divinité du Christ.
14.
D’ailleurs si Constantin a pesé sur le concile de Nicée et s’il a souhaité ce texte qui condamnait l’arianisme (le fait de ne pas reconnaître la divinité de Jésus
15.
Voir l'article de Jacques Buchhold:«Des Évangiles trafiqués».
16.
On voit jusqu’où de telles argumentations peuvent mener et il vaudrait mieux ne pas tomber sur Dan Brown comme juge d’instruction!

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