Quand la pompe fonctionne de nouveau

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Vous est-il déjà arrivé de subir une coupure d’eau ? Vous savez alors combien le besoin de tourner le robinet se fait rapidement sentir...

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Quand la pompe fonctionne de nouveau

À Luozi, en République démocratique du Congo, de nombreux forages existent, au service de la population locale... mais ils ne sont plus opérationnels en raison de la vétusté des équipements, des pièces de rechange non disponibles, d’un matériel difficilement remplaçable par les habitants eux-mêmes.

Quand il faut aller chercher l’eau trop loin

Comme personne ne peut se passer d’eau, pour boire bien sûr, mais aussi pour se laver ou pour nettoyer ses vêtements, il faut la chercher là où elle se trouve : dans le fleuve. Celui-ci se situe à 2 km pour les habitants du quartier le plus éloigné (ce qui fait 4 km pour l’aller et le retour !) Une jeune fille parle des effets possibles de l’ingestion de l’eau du fleuve : vomissements, diarrhées, maux de ventre. Le chef de la cité, quant à lui, souligne d’autres types de drames : noyade, danger causé par la présence de crocodiles, mais aussi viols. Moins spectaculaire, mais pesante pour la vie et le développement de la zone, il faut également mentionner la perte de temps considérable que représente le fait de chercher de l’eau loin de chez soi.

Un coup de pouce

Le Département de Développement Communautaire de la 23ème Communauté Évangélique du Congo (DCC) a alors conçu un projet de réhabilitation de pompe qu’il a pu mettre en œuvre grâce à un financement du SEL*. Le DCC a remplacé la pompe d’un des quartiers les plus éloignés du fleuve par une pompe facilement installable par des techniciens locaux et a formé trois techniciens à sa maintenance.

Viser le long terme

Pour que ce projet porte du fruit dans le temps, il est nécessaire que les habitants du quartier se l’approprient. Déjà au cours du travail de réhabilitation, la communauté locale a soutenu le DCC pour chercher des solutions face aux imprévus qui ont surgi et qu’il a fallu gérer. Lors de la cérémonie de remise de l’ouvrage à la population, le DCC a voulu communiquer un message essentiel : « La pompe est comme un enfant qui a besoin de soins pour vivre. Cette pompe est la vôtre, c’est votre vie. C’est à vous de la prendre en charge. » Concrètement, cela a impliqué de mettre en place un comité de gestion qui recueille et gère la cotisation permettant aux usagers d’avoir accès à l’eau. Cette participation mensuelle est modique, chaque famille est capable de la payer. Elle permettra de faire face aux réparations futures et responsabilise les bénéficiaires du projet.

Des conséquences insoupçonnées

Aujourd’hui, les enfants et les femmes de ce quartier ne sont plus obligés d’aller au fleuve pour puiser de l’eau. Leur eau est propre, les cas de maladies hydriques ont commencé à baisser, et les habitants gagnent un temps précieux pour se consacrer à d’autres tâches. Un habitant de la région témoigne : « Nos enfants, élèves, filles comme garçons, se ravitaillent en eau potable très proche de leur maison et sont maintenant à temps à l’école. » Il observe également que la commune de Luozi est un coin totalement oublié par les autorités politico-administratives du pays et que seules les Églises luttent pour son développement. N’y a-t-il pas là un beau témoignage d’amour du prochain en actes ?

L’EAU, SOURCE DES CONFLITS DU 21ÈME SIÈCLE ?

71 % de la surface de la Terre est recouverte d’eau. S’il s’agit alors d’une ressource abondante, il faut néanmoins préciser que moins de 1 % des disponibilités totales sont utilisables de façon fiable pour la consommation humaine car presque toutes les réserves d’eau de la planète sont salines. L’eau douce est donc finalement rare et un certain nombre de facteurs (réchauffement climatique, pression démographique) poussent à en augmenter fortement la demande. Ce constat inquiète et participe à pérenniser l’idée que les guerres du 21ème siècle seront liées au contrôle de cette ressource vitale ! Pour autant, cette affirmation est à relativiser.

L’eau peut accentuer les tensions entre des États mais elle est rarement la cause réelle d’un conflit entre pays. Des études ont été menées sur le sujet et les chercheurs sont arrivés à la conclusion qu’il n’y avait véritablement qu’une seule guerre qui était liée à l’eau et elle remontait à plus de 4.500 ans. De par son caractère indispensable, l’eau incite plutôt à la coopération. Il est alors toujours délicat d’essayer de prédire l’avenir mais s’il y a des affrontements liés à l’eau, il faut s’attendre à ce qu’ils soient plus locaux qu’entre nations.

TERMES D’ACCÈS À L’EAU CES DERNIÈRES DÉCENNIES ?

L’accès à l’eau est l’une des plus grandes réussites des objectifs du Millénaire pour le développement, la campagne des Nations-Unies qui a eu lieu ces dernières années pour répondre aux besoins des plus pauvres. Entre 1990 et 2015, la proportion de la population mondiale utilisant une source d’eau potable améliorée est ainsi passée de 76 % à 91 %, ce qui représente une amélioration des conditions de vie pour 2,6 milliards de personnes. En 2015, seuls trois pays – la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Guinée équatoriale et l’Angola – ne pouvaient assurer cet accès à au moins la moitié de leur population.

S’il faut se réjouir de ce succès, il reste néanmoins de nombreux progrès à réaliser. En 2015, on estime en effet que 663 millions de personnes dans le monde utilisent encore des sources d’eau potable non améliorées. Près de la moitié de ces personnes vivrait en Afrique subsaharienne. Or, on sait l’importance que revêt l’accès à l’eau potable pour le développe- ment d’une région et en particulier pour ce qui est des enjeux de santé.

Auteurs
Daniel HILLION

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Informations complémentaires

*Association protestante de solidarité internationale créée en 1980, le SEL (Service d’Entraide de Liaison) agit en faveur des populations en détresse dans les pays en développement, en partenariat avec des acteurs chrétiens locaux.

Pour tout renseignement : selfrance.org - 01 45 36 41 51

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