Pour l’Occidental, la vie d’un homme s’éteint définitivement dans la tombe. L’être humain se résume à son corps, le cerveau a remplacé l’âme. L’homme n’est qu’atomes, et il est appelé à redevenir atomes!
Une telle façon de penser est nouvelle dans l’histoire de l’humanité et minoritaire en notre temps. En effet, depuis les premières tombes et les peintures rupestres de l’Homo Sapiens, tous les peuples de l’Antiquité ont cru en une sorte de «vie éternelle», plus ou moins heureuse, après la mort, hors du corps. C’est ce qui explique le legs des pyramides et des momies que nous ont transmis les Égyptiens. Les Grecs espéraient goûter le repos après leur mort dans les Champs-Élysées. Les Romains adoptèrent largement leur croyance, ce qu’illustre le film Gladiator. Les Celtes ou les Gaulois, les Mayas et les Indiens d’Amérique ont, eux aussi, espéré en une telle vie de l’âme dans l’«au-delà», de même que les religions assyriennes, babyloniennes ou palestiniennes de l’époque biblique. Et telle est encore, en notre temps ce que croit l’animisme avec son culte des ancêtres, l’hindouisme avec sa foi en la réincarnation et d’une certaine manière, le bouddhisme, la plus agnostique des «religions», avec sa compréhension du «cycle des renaissances» au travers de la mort.
L’au-delà avant la venue du Christ
N’est-il donc pas surprenant de constater que l’Ancien Testament, la partie de la Bible écrite avant le venue du Christ, est d’une grande discrétion sur la vie après la mort alors que c’était une préoccupation majeure des religions de l’époque? Certes, quelques passages suggèrent une survie de l’homme au-delà de la tombe. Job, par exemple, parle du tremblement des défunts (ou des «ombres») devant Dieu dans le séjour des morts ; Ésaïe décrit l’accueil du roi de Babylone par les ombres défuntes dans le séjour des morts où il a été précipité ; le Lévitique et le Deutéronome condamnent toute consultation des morts, ce que le roi Saül s’est malgré tout autorisé à faire lors du décès de Samuel; les défunts forment une assemblée que l’on craint de rejoindre... Mais ces textes qui parlent d’une continuation de l’être humain au-delà de la mort sont peu nombreux. Et surtout, cette mort ne se présente pas comme l’entrée dans un au-delà bienheureux, sorte de monde parallèle qui serait le reflet de la vie sur terre. Au contraire! À de nombreuses reprises, ces croyants soulignent le caractère tragique de la mort :
Mes yeux sont épuisésà force de souffrir.
Je t’invoque, Seigneur,tout au long de mes jours,
je tends les mains vers toi.
Feras-tu des miracles pour ceux qui ne sont plus?
Verra-t-on se lever les morts pour te louer?
Parle-t-on dans la tombe de ton amour?
De ta fidélité dans le séjour des morts?
Connaît-on tes miracles là où sont les ténèbres,
et ta justice au pays de l’oubli? (1)
Ces auteurs bibliques expriment certes leur foi dans le Dieu souverain sur la mort elle-même: «Le Seigneur connaît le séjour des morts et l’abîme» (2). Ils ne peuvent toutefois pas cacher leur perplexité face à la mort: «Je me suis dit en moi-même que Dieu éprouve les hommes afin de leur montrer qu’ils ne valent guère mieux que les bêtes. Car, après tout, le sort des humains est identique à celui des bêtes. Ils meurent les uns comme les autres. Un même souffle les anime tous. L’homme n’a aucun avantage sur l’animal, car tout passe» (3).
Deux raisons principales expliquent une telle attitude. Premièrement, pour l’homme de la Bible, la vie c’est la vie de l’homme tout entier, car Dieu l’a créé corps et âme. La mort, c’est un dépouillement, un déchirement, un arrachement. La vie, c’est celle de l’homme dans son intégralité! C’est ainsi qu’après avoir été tourmenté par la maladie, le poète biblique s’exclame:
Seigneur, mon Dieu,
je t’ai appelé à mon aide, et tu m’as guéri:
Seigneur, tu m’as retiré de la mort,
tu m’as rendu à la vie quand j’allais vers le tombeau (4).
La seconde raison qui explique la perplexité de ces croyants devant la mort est que pour eux, elle n’est pas une belle chose mais un jugement. C’est parce que l’homme s’est révolté contre Dieu qu’il a été condamné à mourir. L’être humain, qui était destiné à vivre dans la communion avec Dieu, redevient poussière! La mort, affirmera plus tard l’apôtre Paul, n’est pas une amie mais une ennemie.
C’est pourquoi, leur espérance n’est pas celle de la vie heureuse après la mort, à la manière des païens de leur temps, mais celle de la résurrection du corps. Job, tourmenté par la dépression et la maladie, l’exprime avec force:
Mais je sais, moi, que mon Défenseur est vivant:
il se lèvera sur la terre pour prononcer le jugement.
Après que cette peau aura été détruite,
moi, dans mon corps, je contemplerai Dieu.
Oui, moi, je le verrai prendre alors mon parti,
et, de mes propres yeux, je le contemplerai.
Et il ne sera plus un étranger pour moi(5).
Ce que le Christ nous a apporté
Par sa mort et sa résurrection, Jésus a prouvé dans l’histoire que cette espérance est fondée. Il a démontré que la mort n’aura pas le dernier mot. En nous libérant de la condamnation de notre faute, il nous a délivrés de la crainte de la mort. Par sa résurrection, il a annoncé la nôtre! C’est pourquoi, pour le chrétien, la vie après la mort, l’âme dépouillée du corps, a perdu de son effroi. Elle n’est plus départ vers la mort, mais entrée dans la vie, là même où règne déjà son Maître Jésus le Ressuscité. C’est lui qui y accueille celui qui a mis sa confiance en lui. L’entrée des croyants défunts dans la présence du Ressuscité, Seigneur des cieux et de la terre, est une entrée dans une réalité glorieuse, une participation à la vie et au règne du Messie. Mais cette vie n’est que l’antichambre de la vie pleine qu’ils connaîtront, dans leur corps, lors de son retour. «Le jour où le Christ apparaîtra, lui qui est votre vie, alors vous paraîtrez, vous aussi, avec lui, en partageant sa gloire» (6). «Lorsque Christ paraîtra, nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est» (7).
Vivre dans la mort et dans l’attente de la résurrection du corps, c’est vivre avec le Christ. Mais que deviendront ceux qui, durant leur temps sur terre, auront rejeté ce Christ qui revient ? La mort n’est pour personne la fin du voyage…
Pour aller plus loin :
Job 26.5; Ésaïe 14.4, 9-10, 15; Lévitique 18.31; Deutéronome 18.11; 1 Samuel 28.3, 7-25; Proverbes 21.16; Psaumes 88.11; Genèse 3.19 ; 1Corinthiens 15.1; Philippiens 1.21; Apocalypse 20.4; Éphésiens 2.6